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L'invective : histoire, formes, stratégies : colloque international des 24 et 25 novembre 2006, Saint-Etienne

Auteur : Centre d'études et de recherches sur la civilisation et la littérature italiennes (Saint-Étienne)


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Résumé

Réunit 18 études diachroniques (textes allant du XIIIe au XXe siècles) de l'invective dans le domaine italien, afin de dessiner de manière rhétorique les contours d'une définition de l'objet rhétorique jusqu'à ce jour désigné comme invective sans qu'au mot soit associée une réalité littéraire précise. ©Electre 2024

Tous les contribuants du colloque dont nous publions ici les Actes se sont heurtés à une même réalité paradoxale : à savoir la grande pauvreté bibliographique autour de ce «genre de discours nommément désigné comme invective [...] sans jamais qu'à cette appellation on ne fasse correspondre une définition claire [...] de l'objet rhétorique [...] qu'elle recouvre». S'accommodant de la cote mal taillée de ce dont ils disposaient, les auteurs ont donc pris le parti, et le seul raisonnablement susceptible d'amener à dessiner les contours de l'«objet» qui les intéressait, d'interroger méticuleusement les textes qu'ils avaient retenus - une panoplie qui permet en outre une remarquable exploration diachronique, du XIIIe au XXe siècle. En premier lieu, il en a résulté une abondante moisson de figures et de modalités rhétoriques. Il est encore apparu que l'invective, indissolublement liée à l'apostrophe d'une part, à la prise à témoin d'autre part, présente les stigmates de l'oralité et des signes récurrents de théâtralité. Marquée au sceau du dialogisme, elle est même parfois clairement inscrite dans un jeu de «botta e risposta», car il est clair que l'invective établit une relation polémique avec un tiers [...] mis en cause pour lui-même et/ou ce qu'il incarne : la déviance religieuse, politique ou idéologique, morale, culturelle, littéraire même. Le but de l'invectivant est donc toujours dénonciateur. Il est, à tort ou à raison, celui qui se place en détenteur d'une Vérité qu'il convient de défendre en assaillant verbalement celui auquel on attribue le mauvais rôle bien sûr, celui du traître, du menteur ou de l'usurpateur. Il faut alors infliger au «coupable» le blâme et l'opprobre. On le montre du mot. Non content, on le diabolise, on l'humilie, on le ridiculise, et ainsi de suite. Au nom de la sainte colère dont se parent tous les donneurs de leçons, nous rappelant d'ailleurs l'enracinement de l'invective dans l'anathème et la parole prophétique, ils la fourbissent en arme de guerre contre l'impie ou l'infidèle. Contre le mensonge de l'autre, la calomnie, la mauvaise foi, l'insulte se justifient littéralement : selon qu'on soit à l'un ou l'autre bout de l'invective, on est donc d'un bon ou d'un mauvais côté déterminé par l'invectivant, puisqu'il se veut le seul investi du bon droit, d'une manière ou d'une autre, d'un droit divin : sa parole est sacrée [...] : toute invective se réclame, explicitement ou pas, d'une auctoritas souveraine, étant entendu que dans quelques cas, nos auteurs se prennent un peu pour Dieu... Encore faut-il également distinguer l'intention de l'intensité du langage, car il ressort des textes étudiés que l'invective se déploie selon divers degrés : de la violence ouverte, provocatrice, menaçante, à la sournoiserie du persiflage ou de la remontrance «doucereuse». Selon divers registres aussi, de l'obscénité au mode courtois... Par ailleurs, on mesurera à chacune des contributions réunies dans ce volume, le lien patent de l'invective à la question identitaire : elle ne s'écarte en effet jamais d'une dichotomie fondatrice et même refondatrice, entre destruction (de l'adversaire, cela va sans dire) et construction ou reconstruction (de soi). Agonique et létale pour celui ou ce qu'elle vise, l'invective projette toutefois l'invectivant dans un temps d'après sa croisade, dans un lieu de possible réédification, de soi, de son image, de la «foi» qu'il défend : il en découle une fonction de l'invective comme dépassement du dénigrement (souvent exorciste) pour une refécondation en quelque sorte. [...] Faisant table rase de son ennemi, tout compte soldé avec lui, celui qui invective se reconstruit, regagne - on a parlé de «butin de guerre» - l'image d'un soi expurgé de l'autre. Dans ce cadre, on comprend aisément qu'il importe peu que l'image en question soit «vraie» : la vérité dont on se revendique peut évidemment n'être qu'une vérité d'emprunt, néanmoins brandie avec virulence au service de ce qu'on veut faire croire de soi. Par conséquent, l'invective peut n'être qu'un exercice de style, un masque, un art... Enfin, ces études font un sort à le question du genre et en même temps de la «periodizzazione» de l'invective, qu'elles permettent d'envisager comme une «modalité», «disponibile a partire dalla Bibbia, in seguito traversa le epoche, incarnandosi in vari generi storici, ognuno saldamente ancorato alla sua epoca» [...] On peut alors accepter sans embarras que fassent partie d'un même «registre» diversement réincarné, toutes celles sur lesquelles se sont penchés les auteurs de ces articles... Du moins l'ensemble des études que nous proposons dans cet ouvrage offrira-t-il l'occasion de vérifier combien cette approche est opératoire et fructueuse.

Fiche Technique

Paru le : 28/09/2006

Thématique : Essais et théories - Dictionnaire

Auteur(s) : Auteur : Centre d'études et de recherches sur la civilisation et la littérature italiennes (Saint-Étienne)

Éditeur(s) : Presses universitaires de Saint-Etienne

Collection(s) : Non précisé.

Contributeur(s) : Editeur scientifique (ou intellectuel) : Agnès Morini - Collaborateur : Benjamin Lazar

Série(s) : Non précisé.

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782862724218

Reliure : Broché

Pages : 200

Hauteur: 24.0 cm / Largeur 16.0 cm


Épaisseur: 1.8 cm

Poids: 542 g