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30 ans de « Cahiers Rouges »

Publié le 12/06/2013
La célèbre collection des « Cahiers Rouges », joyau des éditions Grasset, fête son trentième anniversaire.Grande vitrine et interview de Charles Dantzig, directeur de la collection.
On les appelle des semi-poches, histoire de signifier que leur prix doux ne leur interdit pas de ressembler à des livres classiques. Et les classiques ne manquent pas dans cette collection de prestige créée il y a trente ans par Jean-Claude Fasquelle, patron des éditions Grasset soucieux de mettre en avant son fonds prestigieux. Trois décennies plus tard, les Cahiers rouges ont repris de la vigueur, sous la houlette de l'érudit Charles Dantzig qui en tient solidement les rênes, nous offrant chaque année de ces trésors qui nous rappellent qu'avoir de la mémoire en littérature est vital. "Le livre est un grand arbre émergé des tombeaux" se plaît-il à nous rappeler et parmi ces quatre-cent vingt volumes, les chênes majestueux côtoient les roseaux les plus fins, offrant une forêt diverse que l'on traverse avec la certitude que la surprise nous attendra...au coin du bois.

Pour accompagner cet anniversaire, nous lui avons consacré notre grande vitrine et réservé une place de choix qui permettra aux curieux et aux habitués de faire des découvertes ou des redécouvertes. Grasset a édité à cette occasion un catalogue complet qui comporte de nombreux extraits. Et comme cadeau nous serons ravis de vous offrir un fac-similé des Cahiers verts, les ancêtres d'avant-guerre, reprenant Mon amitié avec Marcel Proust de Fernand Gregh, manière élégante de rappeler en cette année de centenaire que c'est Bernard Grasset qui édita le premier volume de la Recherche de Proust après l'étrange refus de Gide chez Gallimard...


On se prend en examinant ce catalogue à vouloir citer plus que ne l'autoriserait cette page. Contentons-nous de rappeler que grâce aux Cahiers Rouges on peut lire François Augiéras, le Périgourdin érémitique, Marguerite Audoux, premier Prix Fémina, Max Beerbohm, dandy magnifique, Jacques Audiberti, immense écrivain qu'on ne lit plus guère, Ambrose Bierce qui porta l'humour noir à ses sommets, Charles Bukowski, vedette déglinguée de la collection, Henri Calet, pas si oublié que ça, Blaise Cendrars, en Pléiade cette année, Bruce Chatwin, grand voyageur devant l'éternel, Jean Cocteau, enfant terriblement vivant, Jacques Chardonne, l'élégant vénéneux, Joseph Delteil, le solitaire paléolithique, Ramon Fernandez, le génie dévoyé, Garcia Marquez, le Nobel dans la bourrasque, Jean Giono,Louis Guilloux, Franz Kafka, avec son journal intégral, Jean de la Ville de Mirmont, notre grand poète des départs, la famille Mann, la famille Mauriac, Paul Morand, le voyageur insolent, Irène Némirovsky qu'on ne trouva longtemps qu'ici, Annie Proulx, Charles-Ferdinand Ramuz, le Suisse inspiré, Rilke, le grand poète de la collection, André de Richaud, le lunatique enfiévré, et Stefan Zweig bien sûr, pilier de la collection depuis ses débuts. Ce survol rapide et nécessairement injuste suffit à nous rappeler à quel point le rouge est une couleur intense. A vous de le (re)découvrir...

Et pour accompagner notre rendez-vous, Charles Dantzig, écrivain passionné et passionnant, arpenteur de toutes les littératures, collectionneur de chefs-d'oeuvre, a accepté de répondre à quelques unes de nos questions, ce dont nous le remercions vivement...



Comment concevez-vous la direction d'une collection comme les Cahiers Rouges ? Et comment s'inscrit-elle dans la maison Grasset ?

Les Cahiers rouges, c'est la continuité de Grasset à travers le temps. Nous y faisons principalement vivre le fonds de la maison. On peut y trouver trois grands axes : les « classiques modernes » de Grasset de 1920 à 1980 (Cocteau, Morand, Chatwin, Garcia Marquez…) ; des mémorialistes (George Moore, Pauline de Pange, Robert de Saint Jean…) ; des livres autour de l'art (Cézanne, Ambroise Vollard, Georgio Vasari…). Il s'y ajoute des chefs-d'œuvre introuvables ailleurs (Alfred Jarry : Les Minutes de sable mémorial suivi de César antechrist, Oscar Wilde : Aristote à l'heure du thé, Jean Desbordes : J'adore)...

Que savez-vous de la façon dont les lecteurs et libraires perçoivent la collection ?

C'est une collection très aimée des libraires et des lecteurs. Elle a en effet sa couleur – non seulement celle de la couverture, mais aussi sa couleur littéraire, et même très littéraire. Même les livres de mémorialistes, ceux d'Histoire sont aussi et avant tout des livres écrits.

Quels sont les choix retenus pour célébrer cet anniversaire ?


Pour le 30e anniversaire, j'ai choisi des livres entièrement inédits dans la collection et même dans plus généralement en poche. Ils paraîtront en mai et juin 2013. Il s'agit des Écrits sur l'art d'Ingres, de Quand Satan raconte la terre au Bon Dieu de Mark Twain, du Bonhomme Lénine de Curzio Malaparte, de l'Albertine disparue de Marcel Proust dans l'édition préfacée par Nathalie Mauriac, de La Cour du Roi Soleil de Frantz Funck-Brentano, du Repos du guerrier de Christiane Rochefort et de L'Importance d'être constant d'Oscar Wilde, dont je donne une nouvelle traduction avec une préface révélant des faits inédits qui ne se trouvent dans aucune traduction.
Nous offrons à tout acheteur de deux volumes de la collection un fac-similé du délicieux
Mon amitié avec Marcel Proust de Fernand Gregh. N'oublions pas que c'est chez Grasset, en novembre 1913, qu'a eu lieu la première édition Du côté de chez Swann.

Si vous deviez choisir un tiercé ou un quinté de vos Cahiers Rouges préférés...

Il est évidemment difficile de choisir parmi tant de bons livres. Disons Les Enfants terribles de Jean Cocteau, Les Cahiers du Comte Kessler, Au temps du bœuf sur le toit de Maurice Sachs, La Décharge de Béatrix Beck et Pourquoi sommes-nous au Vietnam ? de Norman Mailer...



Encore un grand merci à Charles Dantzig d'avoir pris le temps de nous répondre. Maintenant, place à la grande vitrine et à la bibliographie élaborée par les libraires du rayon Littérature.

Iris



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