Un coup de coeur de Mollat
Partons d'un constat que chacun d'entre nous peut vérifier dans son supermarché : les fruits et légumes que nous consommons sont en majorité issus d'une agriculture d'importation à échelle industrielle. Nous ne parlons pas ici (pas encore) de bananes, avocats, patate douce, café ou cacao mais d'espèces qui poussent dans notre pays comme les fraises, les pommes, les carottes, les salades et les concombres.
Prenons l'exemple de la fraise. En Andalousie, la fraise est cultivée de façon intensive, conduisant à réduire le cours des rivières environnantes. Les plants sont détruits après chaque récolte (même s'ils sont vivaces) et les nouveaux plants soumis au froid des frigos pour simuler l'hiver. Les sols sont lessivés à partir de produits douteux, les employés agricoles immigrés n'étant pas systématiquement protégés. Les fruits, enfin, ne sont pas très intéressants du point de vue nutritionnel. Claude-Marie Vadrot n'est pas tendre à l'encontre de cette agriculture intensive qui produit des fraises hors saison pour le plus grand bonheur des entreprises de production maraîchère délocalisées. Le consommateur, finalement, perd la valeur de la saison et du fruit arrivé à maturité - celui dont les qualités nutritionnelles sont les plus intéressantes.
Ces fraises en hiver ne doivent pas berner le client amateur de produits frais. Le prix qu'il paie pour ces gariguettes, cirafines ou mara des bois ne dit pas le coût environnemental et social qu'il implique. Que de carburant dépensé, de manipulation des plants, d'installations coûteuses en chauffage... Les producteurs français sont toujours plus fragilisés par l'arrivée de fraises espagnoles alors que nous ne manquerions aucunement de ressources près de chez nous pour satisfaire la demande. Il est paradoxal que les produits qui ont fait des milliers de kilomètres depuis les tropiques coûtent moins cher que ceux qui n'en n'ont fait qu'une dizaine. Donnons un regard neuf sur nos assiettes en lisant bien les étiquettes !
Muriel Argaud pour Écolo Info