Chargement...
Chargement...

Matteo Ricci 1

Publié le 16/11/2010
Le 11 mai 2010 a marqué la commémoration du 400ème anniversaire de la mort du missionnaire jésuite italien Matteo Ricci qui, après 18 ans passés en Chine, est devenu le premier européen à assimiler la culture chinoise et le précurseur de l'échange des savoirs entre la Chine et l'Europe.
Le 30 janvier dernier, plus de 500 personnes étaient rassemblées au Centre Sèvres à Paris pour assister à l'inauguration de l'année Matteo Ricci. L'exposition scientifique qui soulignait les apports de Ricci à la Chine en astronomie, en mathématiques et en cartographie fut unanimement saluée par la rigueur et la précision de son contenu. Un colloque international de sinologie s'est également tenu les 27 et 28 mai à l'Unesco, regroupant les meilleurs spécialistes de l'époque Ming, intitulé: «L'échange des savoirs entre la Chine et l'Europe au temps de Matteo Ricci (1552-1610)». De leur côté, la Chine et l'Italie célèbreront aussi pendant l'année ce 400ème anniversaire (manifestations et expositions au Musée de Pékin, Shanghai, Nankin, Rome, Macerata…).

Né en 1552 à Macerata (petite ville d'Italie de la région des Marches), Matteo Ricci part étudier au collège à Rome où il suit notamment les cours de Christophorus Clavius, un savant jésuite réputé dont les enseignements scientifiques influenceront le jeune homme. Il y apprend aussi le droit et la théologie puis entre au noviciat des jésuites en 1571. Homme de la Renaissance, attiré par les nouveaux territoires récemment découverts, il demande à être envoyé en mission dans les Indes. Il embarque en mai 1578 à Lisbonne pour Goa. Il restera trois ans dans les Indes, avant d'être appelé à Macao pour la mission de Chine, où il arrivera en août 1582.
Il s'installe d'abord à Zhaoqing, près de Canton, et parvient à entrer en contact avec des mandarins, grâce à ses grandes connaissances en mathématiques et en astronomie. Matteo Ricci restera en tout dix-huit ans dans le sud de la Chine, à proximité de Macao, où il apprendra à lire et écrire le chinois. Il se consacre également à l'étude des textes classiques confucéens et s'imprègne totalement des coutumes locales, jusqu'à prendre un nom chinois, Li Matou. Son objectif est d'atteindre Pékin pour y rencontrer l'empereur et lui demander l'autorisation de prêcher sur le territoire.

En avril 1595, le jésuite italien s'installe dans une capitale provinciale, Nanchang. Il y fait la connaissance de cercles de lettrés qui discutent de questions de cosmologie et d'éthique dont il ne tarde pas à faire partie. Développant des points de vue originaux et nouveaux, Matteo Ricci commence à attirer de plus en plus d'interlocuteurs intéressés par ce que cet occidental peut apporter à la Chine.

En 1601, l'empereur autorise enfin le jésuite à venir s'établir à Pékin à proximité de son palais et à y construire une résidence et une première église catholique. Il y demeurera jusqu'à sa mort, en 1610. Chose exceptionnelle pour un européen, il sera inhumé à Pékin, avec la permission de l'Empereur, non loin de la Cité Interdite.

Quatre cents ans après sa mort, « Li Matou » conserve pour les Chinois, religieux et athées, l'image d'un missionnaire éclairé et respectueux et d'un grand scientifique. Bien qu'il ne fut pas le premier missionnaire catholique à franchir la frontière chinoise, il fut pourtant le premier à avoir su se faire accepter des autorités locales et à instaurer un véritable dialogue interculturel avec les lettrés de l'Empire, basé sur un respect mutuel des rites et des traditions. De manière habile et diplomate, Matteo Ricci a vite compris qu'avant d'inculquer aux autochtones les rudiments de la théologie chrétienne, il fallait d'abord qu'il se plonge totalement dans la culture du pays afin de connaître sa langue, son écriture, son histoire, et peut-être plus que tout, l'âme de son peuple.

Doué d'une mémoire prodigieuse, il s'est lancé dans l'étude du confucianisme et de la cosmologie, et dès lors, a pu adapter sa prédication chrétienne à la manière des Chinois de concevoir le monde. Ainsi, il a vite assimilé que la vision chinoise du cosmos était globale, comme une sorte d'idéologie où sciences, technologie, éthique et enseignement philosophique formeraient un tout organique. Et il a choisi donc de présenter le christianisme, lui aussi, comme une conception organique du monde.

Pourtant, l'échange interculturel entre le jésuite et les savants chinois de l'époque était principalement scientifique, du moins au début. Ricci a multiplié les contacts dans les « académies », communiqué les derniers enseignements des mathématiques et de l'astronomie occidentale et traduit en chinois tous les éléments de la géométrie d'Euclide (aujourd'hui, les manuels chinois de mathématiques utilisent toujours ses travaux). Il a également dessiné une nouvelle mappemonde qui a révolutionné la conception chinoise du monde.

Avec ses premiers amis fraîchement convertis au christianisme, il a même établi un lexique sino-portugais, incluant les caractères chinois, qui sera à la base du tout premier dictionnaire chinois à circuler en Europe, connu encore de nos jours sous le nom de Dictionnaire Ricci.

Bibliographie