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Quand la littérature fait un arrêt sur image.

La photographie et les photographes inspirent les écrivains, surtout ce printemps !
Une actualité de Anaïs
Publié le 04/04/2019
Qu'est-ce que New York, deux soeurs excentriques, James Agee, Vivian Maier, Clément Bénech et une valise mystérieuse ont en commun ?
La rentrée de printemps nous offre un florilège de romans s'inspirant de la vie de photographes.

Rodolphe Barry nous exalte avec son puissant roman Honorer la fureur autour de la figure de James Agee, journaliste engagé et sans concession qui co-signa avec le photographe Walker Evans une enquête sur les métayers de l'Alabama après la grande dépression. Ce projet désormais culte, qui a inspiré nombre de grands auteurs américains s'appelle "Louons maintenant les grands hommes", que vous retrouverez dans les livres sélectionnés de ce dossier. 

Gaëlle Josse revient quand à elle à une artiste mystérieuse et fascinante, Vivian Maier, désormais connue du grand public grâce au documentaire "A la recherche de Vivian Maier", et la récente exposition de certaines de ses photographies à Paris. D'origine française, née à New-York, Vivian a vécu toute sa vie sans laisser deviner ses talents de photographes. Nounou bizarre mais fascinante, elle mouru dans la plus grande misère au début des années 2000. Si un jeune entrepreneur n'avait pas, par hasard, acheté aux enchères des cartons de négatifs et découvert des milliers de clichés de rue d'une sensibilité, d'une maîtrise, et d'une émotion aussi intenses, personne ne connaîtrait de nos jours le nom de Vivian Maier. On pense à Henry Darger, cet homme pauvre et simple, dont on découvrit l’œuvre extraordinaire après sa mort, et qui connut en engouement important dans les années 2010, notamment grâce à une très belle exposition sur l'art brut à la Halle Saint Pierre à Paris. Gaëlle Josse explore ce destin singulier et enquête sur ses origines, à travers Une femme à contre-jour.

Un premier roman aux éditions Gallimard s'intéresse lui aussi à la photographie. Signé par Isabelle Mayault, Une longue nuit mexicaine explore le secret de la valise perdue de Robert Capa, que le jeune Luca, après la mort de sa cousine, découvre, remplie de milliers de négatifs de la guerre d’Espagne, pris par Capa, Gerda Taro et David Seymour. Un très beau texte qui nous mène sur les pas de ces reporters, et sur les heures sombres de l'Espagne, avec une grande sensibilité et une très belle maîtrise.

Serge Mestre s'éprend lui aussi du destin de la photographe-reporter et compagne de Robert Capa, Gerda Taro, morte tragiquement écrasée par un char alors qu'elle rêvait de témoigner des crimes de la guerre d'Espagne. Serge Mestre nous offre de parcourir la vie d'une grande âme, féministe, libertaire, elle aussi une comète.
Un très beau roman intitulé Regarder aux belles éditions Sabine Wespieser.

(Rappelons le très beau texte de Pierre-François Moreau Après Gerda paru aux éditions du Sonneur en 2018)

Deux livres sortent également ce printemps, dont les auteurs, prestigieux, utilisent la photographie pour accompagner et inspirer leur œuvre.

Il s'agit tout d'abord d'Hervé Guibert, qui fut, rappelons-le, critique photo au Monde, dont les éditions Gallimard par le biais de la belle collection L'Arbalète ressortent l'un de ses premiers textes, Suzanne et Louise, un roman-photo autour de ses deux tantes excentriques vivant dans un hôtel particulier. 

Chantal Thomas elle aussi va utiliser la photographie pour revenir à New York. Dans les années 70, après avoir publié une thèse sur Sade, Chantal Thomas part vivre à East Village. Un vent de liberté s'engouffre dans les rues de ce quartier culte mais qui, lorsqu'elle y revient plus de 40 années après, a tant changé. Accompagnée des photographies de son ami Allen Weiss, Chantal Thomas revient sur une époque d'une folle énergie créative, où les loyers étaient encore abordables par tous ceux en quête d'autre chose, et d'expériences.
Chantal Thomas viendra nous parler de ce très beau projet intitulé East Village Blues à la Station Ausone le 19 Avril prochain.

Enfin, et pour mieux comprendre le rapport entre littérature et photographie, lisez le très bon livre de Clément Bénech, Une essentielle fragilité : le roman a l'heure de l'image.

Évoquons avant de nous quitter que Michel Bernard, un auteur dont nous aimons tout particulièrement le verbe et l'élégance qui publiera en septembre prochain, lui aussi, un texte autour de Vivian Maier, aux éditions de La Table Ronde.

Bonnes lectures !

Pour aller plus loin : 

Notre coup de coeur complet sur "Honorer la fureur" : https://blogs.mollat.com/articles-blog-litterature-sc-humaines/honorer-la-fureur-de-vivre-de-james-agee

Atour du Suzanne et Louise de Guibert, une émission tirée des Nuits de France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/quand-herve-guibert-racontait-suzanne-et-louise-en-roman-photo

Autour de James Agee, Les Nuits de France Culture à nouveau : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/nuits-magnetiques-james-agee-biographie-1ere-diffusion


Autour de l'essai de Clément Benech, aussi chez France Culture : https://www.franceculture.fr/oeuvre/une-essentielle-fragilite-le-roman-a-lere-de-limage

Autour d"Une femme à contre jour" de Gaelle Josse, sur Vivian Maier, France Culture toujours : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/raconter-vivian-maier-la-genie-invisible
 
Autour de Gerda Taro et le roman de Serge Mestre : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-culture/serge-mestre

Écrivains et photographie

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