Viviane Dorothy Maier est une photographe américaine. Née en 1926 et morte en 2009, sa production compte environ 150 000 photographies en noir et blanc et en couleur. Toute sa vie durant, elle travaille sur de nombreux sujets et son travail comprend aussi bien des autoportraits que des photos de villes, d'architectures, de rues, mais aussi et surtout des portraits pris sur le vif de ceux et celles qui les habitent, les traversent ou les hantent. Passionnée par sa discipline mais malheureusement condamnée à l’anonymat de son vivant, sa production ne fut découverte et valorisée qu’après son décès, aux alentours de 2010.
Cette étude exhaustive permet de retracer le parcours de vie de l’artiste, de son histoire familiale complexe et tragique à son travail de nourrice, en passant par ses débuts dans la photographie jusqu’à sa consécration posthume. Très bien documentée, elle donne accès à de nombreuses photos d'archives inédites et offre une vision détaillée de ce qui caractérisait le travail de Vivian. L’auteure s’attache également à évoquer certaines zones d’ombres de l’histoire de cette dernière, comme le destin de son grand-frère Carl ou celui de sa mère, Marie, des aspects qui n'avaient pas réellement été traités jusqu’alors dans les documentaires et travaux consacrés à la photographe.
Après les sorcières, le tarot et l’astrologie, le quatrième volume de La Bibliothèque de l'Ésotérisme s’attarde sur la magie des plantes ou, plus exactement, sur la relation dense et entrelacée qui lie l’Homme au règne végétal depuis la nuit des temps.
L’ouvrage détaille comment la nature nous soigne, nous enivre, nous nourrit ou nous stimule, comment elle participe à nos éveils spirituels et prend sa place dans nos cultes ou encore la façon dont elle investit notre littérature et donne naissance à nos symboles et à notre art. L’ensemble est, de fait, richement illustré par une grande quantité d'œuvres allant de l’estampe japonaise à la statuaire grecque, en passant par les peintures de la Renaissance ou des créations contemporaines. Des témoignages d’artistes, de fleuristes, d’herboristes, de paysans et de théoriciens viennent également enrichir les différents essais présentés dans ces pages.
Un très beau livre, dans le fond comme dans la forme, qui saura ouvrir vos perspectives sur les plantes et la façon dont elles imprègnent notre culture et notre histoire.
Fait parfois relativement méconnu en dehors de ses frontières, la Suisse incarne un foyer artistique particulièrement riche et productif à la fin du XIXe siècle. Sous l’impulsion d’un réseau de collectionneurs et de figures emblématiques comme Ferdinand Hodler, des peintres comme Félix Vallotton, Max Buri ou encore Giovanni et Augusto Giacometti renouvellent considérablement la peinture de leur temps et s’ancrent au passage dans un moment charnière de l’histoire de l’art où des modernités multiples s’inventent à l’échelle européenne.
Ce catalogue fait l’inventaire des 70 œuvres, inédites en France, qui furent montrées à l’occasion de l’exposition Modernités suisses ( 1890-1914), organisée au Musée d’Orsay en 2021. Doté d’un appareil critique conséquent, l’ouvrage permet de revenir sur l’influence des avant-gardes européennes sur ces artistes, notamment la dimension symboliste, mais aussi sur la façon dont ces derniers s’attachent tout particulièrement à des sujets empruntés à leur histoire et à leurs traditions, participant ainsi à construire une identité culturelle nationale.
En février 2012, Cornelius Gurlitt entend frapper à la porte de son domicile. Après un contrôle de douane ayant mené à l’ouverture d’une enquête un an et demi plus tôt, la police vient d’arriver pour effectuer une perquisition dans son appartement munichois. L’intervention mène à une extraordinaire découverte : dissimulées derrière les étagères d’un réduit se trouvent plusieurs centaines de chefs-d'œuvres que l’on croyait disparus depuis au moins soixante-dix ans, soit l'époque sombre de la seconde guerre mondiale.
Dans ce livre, illustré par l’autrice Laureline Mattiussi, Dimitri Delmas remonte aux racines de cet épisode, afin d’expliquer comment cette collection a pu être constituée. Ce récit historique, très abordable pour les non initiés, raconte d’abord l’histoire de la famille de Cornelius Gurlitt et notamment celle de son père, Hildebrand Gurlitt, marchand d’art. Figure ambivalente, partisan d’Hitler, c’est lui qui acquiert plus de trois cent tableaux à vil prix dans le cadre de sa collaboration avec le régime.
La description de ces spoliations est un prétexte pour nous replonger dans le contexte artistique allemand et européen de la période. En passant par l’émergence du mouvement Dada, jusqu’à la montée d’Hitler au pouvoir et au succès des théories sur un art dit “dégénéré”, l’auteur redessine, à l’appui d'archives et de reproductions, le panel de discours qui structure une partie de l’histoire de l’art du XXe siècle. Passionnant et instructif !
Faire des femmes artistes des figures familières et non des exceptions, de la présence de leurs œuvres au musée la norme et non pas un évènement, voilà certains des objectifs défendus par cette très belle parution dans la collection Les Insolentes.
Cet essai riche et dense, écrit par Eva Kirilof, autrice de la newsletter La Superbe, et illustré avec brio par Mathilde Lemiesle, propose une réflexion éclairée sur la façon dont les femmes ont été, et sont toujours, ostracisées dans le monde de l’art. L’ouvrage aborde des thématiques diverses comme le rapport des femmes artistes avec l’éducation, l’importance de « la pièce à soi » telle que l’envisageait Virginia Woolf, le concept de génie masculin, la figure de la muse ou encore la notion de regard dominant. Chacune soulève toute une série de problématiques : Quelle est la nature du système qui enfante et condamne les femmes artistes ? Sur quoi fait-on reposer la distinction entre les artistes femmes et leurs homologues masculin ? Qu’est-ce qu’un art dit « féminin » ? Quelles sont les difficultés supplémentaires pour les artistes racisées ?
Ces questionnements, dont la liste présentée ici n’est pas exhaustive, sont traités au regard des thèses, des critiques et des témoignages d’un grand nombre de théoriciennes, d’historiennes ou d’activistes. L’ensemble de la publication est également émaillé de portraits de peintresses et de sculptrices, comme Angelica Kauffmann, Tamara de Lempicka, Louise Bourgeois ou encore Mary Beale, dont on présente aussi les principaux chefs-d’œuvres et prises de positions.
En somme, un livre accessible, engagé et nécessaire, qui permet de rendre compte de la place des femmes dans la culture occidentale et de tout ce qu’il reste à faire pour achever de la revaloriser !