Les coups de cœur des libraires

Ce sont des dizaines et des dizaines de petits fragments d'amour qui se nouent sous ce joli titre. Pour quelques lignes ou parfois quelques pages, Emmanuelle Pagano capture les moments qui cimentent les relations amoureuses : un geste, une odeur, la couleur d'une peau, mais aussi la maladie, le sexe, la rupture. L'autrice possède un sens aigu du détail et de la formule et rend cette pléthore d'instans figés à la fois charmants et saisissants. Un très beau livre à offrir à ceux qu'on aime sans trop savoir comment leur dire. 

Le sous-titre du dossier Bertrand, jeux d'histoire, dit à peu près tout du projet dirigé par Philippe Artières. À partir d'un dossier d'archives, chacun des cinq historiens conviés à la partie est sommé de reconstruire et restituer la vie d'un illustre inconnu. L'intérêt tenant dans la confrontation des récits et les divergences de points de vue.

Surtout, et c'est là à la fois le plus intéressant et peut-être le moins étonnant, chacun des historiens analyse la vie de ce personnage via le prisme qui est le leur, c'est à dire leur domaine de prédilection, leur spécialité. Certains se concentrent sur sa vie sociale, d'autres sur sa vie domestique, d'autres encore sur ses déboires juridiques... C'est un petit peu comme si chaque vie en reliefs pouvait se voir racontée de façon différente selon celui qui la raconte (et malgré lui).

Ceci couplé à des différences d'interprétations des sources (concernant des éléments aussi élémentaires que l'âge ou la descendance du personnage) démontre, sans surprise, l'impossible objectivité de l'Histoire. Ainsi Le dossier Bertrand constitue une réflexion historiographique ludique et enrichissante.

Un petit livre méconnu à mettre entre toutes les mains !

Benjamiah vit une vie paisible à Flammèche-les-eaux, où ses parents tiennent une librairie. Il a grandi dans les livres et la poussière. Passionné depuis toujours par les ouvrages scientifiques et pratiques, il n'a jamais, au grand jamais, cru en la magie ! Pourtant, après avoir reçu une étrange poupée en cadeau, il doit bien se rendre à l’évidence. Quelque chose ne tourne pas rond et il ne peut l’expliquer !
Par une nuit calme, il est transporté dans un autre monde, bel et bien basé sur la magie : Dedaleum. Cet incroyable endroit ne ressemble en rien à ce qu’il connaît ou pense connaître, ici les poupées sont des êtres magiques reliés à chacun de leur maître, les cartes servent de monnaie d’échange,  les couleurs ont une valeur inestimable et… les rues se déplacent sans arrêt.
Il y fait la rencontre d’Elizabella, une jeune fille prête à tout pour retrouver son frère. Ne sachant comment retrouver son chemin pour rentrer chez lui, il décide de s’unir à sa quête. Les voilà en route pour une épopée fantastique où complots, mystères et magie seront au rendez-vous. Le labyrinthe aura-t-il raison d’eux ?

Un superbe roman jeunesse qui n’a rien à envier aux plus grands ! L’univers est envoûtant et les personnages sont attachants. La qualité de l’édition est également à souligner ! Il ne vous reste plus qu’à vous installer confortablement et plonger dans ce roman qui se lit d’une traite !

Domaine de prédilection des psychanalystes, les rêves peuvent aussi être étudiés d'un point de vue scientifique et médical, et permettre de mieux comprendre les maladies du sommeil. C'est ce que nous explique la professeure Isabelle Arnulf, neurologue et directrice de l'unité des pathologies du sommeil de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui explore le sujet dans un essai passionnant.

Quelles différences observe-t-on entre l'expérience du rêve et sa remémoration ? Les rêves s'inspirent-ils toujours d'éléments vécus ? A quoi ressemblent les rêves des personnes aveugles ? Qu'est-ce que les rêves lucides ? Comment interpréter les mouvements oculaires pendant le sommeil paradoxal ? Les somnambules rêvent-ils ? Qu'est-ce que le trouble alimentaire du sommeil ? Les rêves peuvent-ils être prémonitoires ?

S'appuyant sur de nombreuses études scientifiques, la Pr Isabelle Arnulf nous embarque dans un voyage nocturne fascinant.

Le ciel comme limite, comme horizon, comme rêve… inatteignable mais qui laisse songeur et avec le souhait de le côtoyer.

C’est ce à quoi aspire le jeune Léo depuis son plus jeune âge. Fan du Superman de Shuster et Siegel, le jeune homme est obsédé par son désir de voler comme son héros, cape au vent et pour seul compagnon la brise rassurante d’un eden empli de nuages. 
Mais la vie étant ce qu’elle est, Léo doit vite se résoudre à trouver un rêve plus terre à terre et à se construire une vie d’adulte avec un travail et toutes les commodités qui vont avec. Dans les moments difficiles, un héros venu du ciel lui tend une main. Symbole d’espoir et de rêve, ce héros anonyme l’accompagne et le pousse vers son rêve de toujours.
C’est alors qu’il fait la rencontre de Nour, une jeune femme avec qui il travaille dans une boutique “duty free” d’un aéroport. A deux ils vont vivre, s’aimer, se rassurer, s’accompagner et avancer. Mais quelque part en lui, Léo n’a jamais abandonné l’idée de voler. C’est ce qu’il fera, c’est ce qu’il veut, quoi qu’il puisse lui en coûter…

“Nuages” de J. Personne est une ode à la rêverie mais également un spleen moderne nous mettant face aux désillusions et à la réalité de la vie lorsque nous grandissons. Tout à chacun à un rêve, il en va de notre responsabilité et de de nos envies de vouloir le réaliser. Mais parfois il arrive qu’ils nous déçoivent. Les rêves ne sont peut être pas faits pour être réalisés. Peut-être sont-ils présents pour nous donner de l’espoir ? Peut-être que les rêves sont dangereux ? Peut-être ne sont-ils qu’un fantasme de jeunesse nous armant d'œillères ? Peut-être qu’au lieu de se créer une cible, il faudrait devenir le héros de sa propre histoire ?
C’est ce que “Nuages” symbolise, c’est ce qu’il représente avec la trajectoire de son protagoniste perdu entre réalité et rêverie. 
Le tout appuyé par des planches purement contemplatives représentant la fatalité et le temps qui passe tout en nuages colorés échappant au temps.

Les rêves, comme les nuages, filent au gré des décisions du vent, et c’est à nous d’orienter notre cape dans ces couloirs aériens qu’on appelle la vie. 

Qui n'a jamais rêvé d'un trek, pour partir, s'évader, respirer, voir ailleurs ?

Dix mois après un accident qui a endeuillé sa famille, Erik a l'idée de louer quelque chose loin de tout et de tous : un chalet dans les montagnes norvégiennes, les Alpes de Lyngen, dont le plus haut sommet culmine à près de deux mille mètres d'altitude. L'air frais. Le ski. Les aurores boréales. Une occasion unique de se retrouver avec sa femme Elisa et leur fille Sofia, être ensemble tous les trois, ressouder leurs liens...

À leur arrivée en ville, avant d'emprunter la piste enneigée, une manifestation les surprend. Un groupe d'hommes et de femmes brandissaient des pancartes portant des slogans : DITES NON AU NICKEL DE NOVOTROITSK. Les manifestants, certains arborant les bleu et rouge vif de la traditionnelle robe samie, se pressaient autour de l'une des leurs, qui s'adressait à la foule, un micro à la main. La société russe, Novotroitsk Nickel, allait rouvrir l'ancienne mine de cuivre et détruire les pâturages des rennes. 

Elisa, qui travaille à l'association écologiste les Amis de la Terre Norvège, connaît bien le sujet, notamment grâce aux échanges qu'elle a eus avec une militante samie Karine Helgeland devenue son amie, qui les accueille et les invite à dîner le lendemain avec son mari Lars.
Dans leur maison, Sofia s'émerveille devant les vieux objets : photos d'ancêtres, peigne en bois de renne, étui à aiguilles en corne, et stuorraaniibi - couteau sami, que Lars lui offre en cadeau d'anniversaire, apprenant qu'elle aura 13 ans demain.

Au petit matin, pour fêter sa fille, Erik décide de l'emmener en expédition, en randonnée sur le Long Ski. Comme l'enfant, votre libraire a ressenti l'excitation du départ, le vent glacé, l'immensité du paysage, la neige à perte de vue, l'aigle qui jaillit du ciel pour fondre sur le lièvre, la tente, abri fragile dans la nature hostile. Mais la petite va se blesser, et à partir de cet instant, l'histoire dérape. Il y a hémorragie, il faut la soigner, et vite, Erik s'élance en traîneau, la maison du couple Helgeland est à cinq ou six kilomètres, vont-ils y arriver ? Ce n'est que le prélude à une tension qui va aller croissant car si Karine et Lars vont bien les aider, personne ne peut imaginer que cette même nuit tout va basculer : des hommes armés font irruption, ils veulent discuter avec les militants écologistes. À l'étage, Erik et sa fille les entendent parler en russe, menacer le couple, la dispute s'envenime devant leur refus, soudain un coup de feu éclate ! Il faut fuir... Un des Russes les voit tenter de s'échapper, commence alors une traque impitoyable, qui emporte tout sur son passage, y compris le lecteur, tenu en haleine jusqu'au bout de la nuit.