26 juillet 2024, alors que défilent les 206 délégations olympiques, Axelle Saint-Cirel coiffée d’une superbe afro entonne la Marseillaise tandis que de la Seine s’élèvent les effigies de dix femmes françaises remarquables. Parmi elles, Paulette Nardal, qui a pour l’occasion troqué sa peau noire pour un magnifique doré… “C’est à notre activisme que vous le devez”, affirme Amandine Gay.
Il y a une dizaine d’années, celle-ci entamait la réalisation de son documentaire Ouvrir la voix afin d’encourager les femmes noires françaises à sortir du silence. Aujourd’hui, elle prend la plume et assume l’ampleur du travail accompli. C’est d’ailleurs tout le propos de Vivre, libre : s’approprier son histoire, son travail, prendre sa place. Lassée des compromis et du people pleasing (bien souvent du white people pleasing), elle appelle aujourd’hui les femmes noires à prendre leur place sans concession, à revendiquer leur valeur, à prendre soin d’elles et à “péter à table”.
La célébration d’une femme de lettres noire à la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques n’est pas le symbole d’une victoire de l’antiracisme. C’est le signe d’un progrès pour lequel le combat mérite d’être célébré, mais il reste tout un tas d’impensés à défricher et de prises de conscience à avoir. Au fil de ce brillant essai, elle lie son parcours personnel à l’histoire, à la sociologie, la psychologie et à la politique pour nous livrer une réflexion sur les interactions interraciales mais aussi intergénérationnelles.
Plus qu’un manifeste pour une lutte des femmes noires, elle dénonce frontalement le racisme systémique, jusqu’au cœur même des milieux féministes. Elle appelle également les personnes blanches à prendre conscience de leur privilèges et de leur poids dans la perpétuation de la suprématie blanche.
Un essai important qui lie l’intime au politique pour apporter une réflexion nouvelle à la question afroféministe.