Un coup de coeur de Mollat
Grâce à de nombreuses sources, Florian Illies nous dresse d'un ton vif, drôle, parfois même caustique, l'éphéméride d'une année riche en évènements, ou non-évènements, culturels et intellectuels, d'ici et d'ailleurs. Une lecture originale et éclairante sur une année charnière.
Ainsi, dans les premières minutes de la nouvelle année 1913, nous partons en Nouvelle-Orléans, où un jeune adolescent, un certain Louis Amstrong, se fait arrêté pour avoir utilisé un revolver pour fêter le nouvel an?! Transféré de facto dans une maison de correction il n'aura de cesse de tirailler le personnel toute la journée jusqu'à ce que le directeur ne trouve comme ultime stratagème de lui mettre une trompette dans les mains. L'effet fût automatique et les conséquences exceptionnelles nous le savons.
Jour après jour, mois après mois, c'est un voyage implicite et sans détour que nous offre la lecture de ce livre. L'écriture solitaire de Proust sur l'œuvre de sa vie, qui ne trouve pas un éditeur voulant de lui; celle de Freud et de son Totem et Tabou, l'attente interminable de François-Ferdinand pour son accession au trône, la première rencontre entre Stravinsky et Coco Chanel, les déambulations ratées d'Hitler, l'internement de Camille Claudel... Et puis il y a Rilke, Kafka, Mann, Woolf, Picasso, Chaplin et les autres.
Mais pendant ce temps, où est Mona Lisa ?
Bref, cette année 1913 fût chargée, et qu'on ne nous parle pas de guerre à venir, il n'y en aura pas parait-il, impossible, c'est Norman Angell et son best-seller La grande illusion qui le disent. A bon entendeur.