Un coup de coeur de Mollat
C'est ainsi que l'auteur interpelle sur son célèbre blog dédié aux mobilités, L'interconnexion n'est plus assurée.
Et voici notre pauvre vélo, qui n'en demandait pas tant, transformé en talisman écolo, « trônant en bonne place entre l'éolienne, la yourte et la couche lavable ; la version mobile de la bougie à laquelle voudraient revenir "ces abrutis d'écologistes décroissants". » On peut parler de « point bobo », analogue au point Godwin, souligne l'auteur avec l'humour qui le caractérise… Oui, la plupart de ces clichés réussissent à concentrer en un seul objet de nombreux fantasmes. «Le cycliste est considéré alternativement comme lent et rapide, riche et pauvre, individualiste mais de gauche, profondément égoïste et naturellement altruiste, humble et arrogant».
Et pourtant, ce moyen de transport individuel est aussi un objet d'étude, une vraie question de société. Le vélo, c'est politique, et révolutionnaire ! Transition énergétique oblige, cette petite reine est sûrement la solution pour en finir avec les embarras des villes, la pénurie de pétrole, les accidents de la route, les particules fines. Éloge de la lenteur, symbiose avec le local, accélérateur de déplacements urbains, «à vélo, on est en mode lecture agréable du territoire». Bref, un remède à la crise vers «la voie de l'apaisement».
Fruit de plusieurs années d'enquête, de conférences, de rencontres avec des acteurs de terrain, cette bible a les sacoches remplies de données et d'exemples affranchis de la langue de bois, hors des sentiers battus. Et pourvue d'une bibliographie qui vous entraînera sur des pistes de réflexion inédites : 190 pages pour s'étonner, s'indigner, s'agacer, rire franchement, réfléchir et… s'y remettre. On s'y promènera en mode circulation douce pour en comprendre le sens et l'enjeu, entendre ses défenseurs, mesurer sa dynamique aux divers points du globe. L'internationale de la pédale ? Une vélorution douce vers « l'économie qu'on aime vraiment ».
Catherine Dauriac pour Écolo Info