Un coup de coeur de Mollat
2037. En ce début de soirée, le public a déserté les allées du zoo de New Copenhague. Deux laborantins se faufilent discrètement dans l'enclos d'Anuri , dernier ours blanc à être né en liberté. Quelques minutes plus tard, l'alerte est donnée : les deux hommes chargés de prélever du sang en grande quantité sur l'ours ont été attaqués par l'énorme plantigrade. A son arrivée le lendemain matin, Karen, la jeune soigneuse d'Anuri est épouvantée par la décision du directeur du zoo qui a donné l'ordre d'abattre son protégé au motif qu'il serait devenu dangereux. Si Karen n'a guère de poids face à son patron tout puissant, l'urgence de la situation et les doutes qu'elle nourrit quant aux explications peu crédibles qu'on lui fournit, vont rapidement faire naître en elle une idée folle. L'enlèvement d'Anuri lui apparaît comme la seule solution possible pour sauver celui qu'elle considère comme son frère… Armée d'une volonté inébranlable, Karen drogue l'ours et se lance dans une course folle à travers le grand Nord pour relâcher dans son milieu naturel celui qu'elle a découvert alors qu'il n'était qu'un ourson apeuré. Toute la question est de savoir si elle sera assez solide face à ceux qui la poursuivent, tout aussi déterminés…
Tendu, vibrant, engagé, véritable immersion dans la culture inuit , Le dernier ours vise juste et fort. Les enjeux qui sont les notres aujourd'hui sont posés intelligemment via une construction astucieuse mais à aucun moment la romancière ne se pose en donneuse de leçon : elle dresse un état des lieux tels qu'ils pourraient bien être demain, où les hommes comme les animaux sont plus que mis à mal par un progrès soumis aux lois de l'argent et du profit. Un vrai polar qui ne fait pas dans l'angélisme, véritable immersion dans la culture inuit et si l'on sort de cette lecture bouleversés mais aussi révoltés, c'est animés d'une saine colère, de celles qui, peut-être, peuvent soulever des montagnes !