Un coup de coeur de Mollat
Lire ce roman épistolaire, c'est s'immerger pendant quelques heures dans la vie de Laurel, jeune lycéenne déboussolée depuis la mort tragique de May, sa sœur ainée.
Morbide, dites-vous ? Et bien vous faites fausse route ! Si ce premier roman fort prometteur est bien une suite de lettres écrites à des morts, il est surtout un formidable élan de vitalité et une superbe invitation à ne jamais céder au désespoir. A la demande de son professeur d'anglais, Laurel se livre à l'exercice de la correspondance avec une personne décédée et jette son dévolu sur Kurt Cobain, Janis Joplin, Jim Morrison et Amy Winehouse dont elle apprécie les chansons mais correspond aussi avec Judy Garland, River Phoenix, E.E. Cummings, John Keats et bien d'autres... A chacun d'entre eux, elle livre des bribes de sa vie, de ses pensées, de son désarroi et de sa culpabilité tout en dessinant peu à peu leurs portraits par quelques anecdotes biographiques. Ces lettres deviennent vite son espace de liberté, le seul endroit où elle est elle-même et pas en représentation devant les autres qu'elle perçoit derrière une plaque de verre opaque qu'elle a symboliquement mise en place. Être soi, ce serait "dire" et ce qu'elle porte en elle lui semble indicible.
Love letters to the dead est une histoire d'amour(s), de rédemption, de pardon, d'acceptation aussi. Au fil des pages, Laurel se libère, réapprend la confiance, tombe amoureuse, souffre et grandit. Plus forte, réconciliée avec les autres et avec elle-même, enfin libérée par le pouvoir des mots. Ava Dellaira pourrait bien être une des plumes les plus attendues de la littérature Young adult de demain et signe d'ors et déjà un roman à fleur de peau, d'une grande justesse de ton, loin de tout pathos et de toute mièvrerie. Absolument magnifique !