Un coup de coeur de Mollat
Alphonse Tabouret ? Mais qu'est-ce que ce petit rien, ce mini machin avec une tête toute ronde et de trop grands bras ?
Ce drôle de bonhomme sort tout droit de l'imagination de Sibylline et du crayon de Jérôme d'Aviau accompagnés par le joli lettrage de Capucine (tous trois ayant déjà collaboré dans les coquines Premières fois).
Et nous voilà plongés dans un conte enfantin (mais pas que...), initiatique et poétique où Alphonse cherche, sans vraiment le savoir, à combler son trop grand vide. Dans la forêt, il déambulera de rencontre en rencontre. D'abord, le Monsieur qui lui dit qu'il est « né de la dernière pluie » et s'en va aussi vite qu'il est arrivé. Puis, il fait la connaissance d'un nouvel ami, Esnohpla qui est toujours de son avis (pratique pour un ami) mais ne se montre que dans une flaque d'eau... Bizarre ! Il vient ensuite à croiser Ide qui lui aussi à un trop grand vide. Puis, Pénélope Atéssoué, une trop grande fille avec un trop gros caractère et de trop grandes envies... et toute un tripotée de personnages aussi farfelus les uns que les autres.
Le quotidien d'Alphonse est fait de petits riens, de ces rencontres qui le font grandir sans s'en apercevoir et donnent un sens à son existence. N'est-ce pas la Vie finalement qui nous est contée ici ?
Les aventures de ce petit Tabouret sont faussement naïves et le récit simpliste est beaucoup plus subtil et riche qu'il n'y paraît. Il jongle très habilement entre jeux de mots et mots d'enfants pour donner, au final, une histoire à plusieurs lectures ; celle pour un jeune public, et celle que les plus grands comprendront et apprécieront après avoir déambuler dans leur forêt à eux et rencontrer les personnages de leur vie.
Le dessin de Jérôme d'Aviau, rond, doux et enfantin est une véritable réussite. Sobre mais bourré d'émotion, il a réussi à donner vie au petit être de Sibylline. Cette fable en noir et blanc est dynamique jusqu'au bout, oscillant entre dessin en pleine page et illustrations accompagnées (ou non) de texte.
On ne sait pas si on a entre les mains une bande dessinée ou un album pour enfants.
La seule chose dont on est sûr en lisant ce très beau livre, c'est qu'on a des étoiles plein les yeux et parfois quelques larmes aussi.
Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret a le mérite d'être le premier titre de la nouvelle collection Étincelle chez Ankama. Ils ont bichonné ce tout premier ouvrage en lui offrant une sublime couverture gaufrée qui donne le petit plus à cette belle surprise.