Un coup de coeur de Mollat
Ces arbres couchés, ces crayons écorchés vif qui « dressent un doigt accusateur vers l'humanité responsable du désordre climatique » (Philippe Dubourg, Postface). Que reste-t-il de l'immense pinède, héritage de Napoléon qui mit en place le plus grand massif forestier d'Europe pour assécher les marais et éradiquer le paludisme ?
On le sait, cette forêt est contestée. Et si sa fragilité venait de sa composition même ? Le pin maritime, une seule espèce aux racines plutôt timides et fragiles, de longues tiges coiffées d'une houppette qui reposent tristement sur le sol. Serait-ce pour nous rappeler la folie d'un tel projet forestier ? Les photos de Jean Hincker (qui a par ailleurs photographié la beauté de la forêt sur pieds dans son livre : Forêt de Gascogne) sont auréolées d'une grâce mystérieuse. Car il y a une beauté sinistre dans ce paysage macabre que seul l'œil du photographe pouvait immortaliser. A l'heure où ce bel ouvrage paraît, ces clichés, ces instants boisés, ces champs de batailles végétaux appartiennent au passé. Les cadavres ont été retirés et cordés, comme des preuves que l'on souhaite faire disparaître pour qu'elles cessent de nous rappeler la douloureuse tragédie.
Les Landes, une forêt dévastée, ce sont aussi des textes, des histoires, des récits de 6 personnes qui témoignent de leurs liens avec cette forêt, jadis leur maison, leur lieu de travail, leur promenade dominicale. Jean Hincker offre à la forêt des Landes un dernier hommage, mais aussi un espoir.
Nathalie Jouat pour Écolo Info
Écoutez le podcast de la conférence donnée par Jean Hincker à la librairie Mollat