Un coup de coeur de Mollat
Lucas Cranach s'établit à partir de 1505 à Wittenberg et devient peintre auprès de l'électeur de Saxe, Frédéric le Sage, et restera au service de ses successeurs jusqu'à sa mort en 1553. Ami de Luther, il publie et illustre le Testament de Septembre et publie une série de gravures antipapistes en 1521. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir de nombreuses commandes du clergé catholique. Il monte un atelier florissant, où ses deux fils travaillèrent et qui répand en les copiant les œuvres du maître.
Lucas Cranach crée un nouveau canon de beauté. Il imagine une beauté gracile, une silhouette longiligne et onduleuse. Ses femmes (Judith, Lucrèce, Eve, Vénus …) aux yeux en amandes, le regard séducteur en coin, ont la peau laiteuse, un teint de porcelaine, un corps sans articulation marquée, des hanches étroites et de petits seins. De très légers voiles transparents rendent plus érotique encore leurs nudités. Il crée une beauté stylisée, un peu froide mais toujours étrangement sensuelle. Ses figures sont bien entendu souvent des allégories avec une visée morale mais l'érotisme qui s'en dégage n'en est pas moins présent et troublant.
Le beau catalogue Cranach et son temps nous invite à redécouvrir cet immense artiste qui est aussi un grand portraitiste et un très grand graveur. En somme l'égal du grand Dürer.