Un coup de coeur de Mollat
Au milieu de ce naufrage, quelque chose malgré tout accroche Cécilia à la vie et la tire de sa mélancolie, c'est le violon qu'elle pratique avec ses consœurs au sein de la maîtrise de la Piéta. Cet ensemble unique est composé de jeunes orphelines dont l'éducation est toute entière tournée vers la musique ; leur talent est incomparable et l'on vient de partout pour les écouter jouer. Seulement voilà, nul ne peut voir leur visage : encadrées par d'austères religieuses, elles sont isolées du public pour respecter leur pureté. Il faut dire qu'elles sont tôt ou tard destinées à être mariées, ou plus précisément achetées par quelque riche famille à la recherche d'une épouse docile et d'un héritier.
Mais un jour, un jeune professeur de musique vient remplacer le vieux curé ennuyeux qui leur sert de maître ; il s'appelle Antonio Vivaldi et un vent de liberté et de sensualité vient souffler sur le couvent lugubre. Une étrange relation se tisse entre Vivaldi et Cécilia, faite de curiosité et d'attraction, mêlée à un peu de jalousie devant tant de talent. Cette rencontre donnera toutefois à la jeune fille la force et l'élan vital qui lui manquaient pour échapper à un avenir sans joie et sans espoir.
Écrit comme un long poème, ce roman magnifique qui réunit la quête d'identité et l'intensité de la musique, a valu très justement à l'auteur le prestigieux prix Strega, l'équivalent italien de notre prix Goncourt.