Un coup de coeur de Mollat
Tentons d'y voir plus clair. Dieu n'existe pas, il se produit. Il apparaît, il surgit dans le quotidien, on l'expérimente à travers nos épreuves, nos joies, nos émotions et nos actes. Mais il n'existe pas. La croyance en l'existence de Dieu est non seulement une idée erronée sur un plan philosophique, mais elle constitue en outre un danger pour l'Église, l'une des raisons qui, peut-être, explique la désertion croissante des églises en Hollande et plus généralement en Europe. Ce Dieu-là, tout-puissant, créateur du ciel et de la Terre, n'est qu'une relique d'une longue construction dogmatique qui, depuis le Moyen-Age, semble indéfectible. Or, de moins en moins de gens s'identifient à ce Dieu-là et fuient les lieux de culte.
Bref, l'avenir de l'Église, c'est l'athéisme. Mais attention, notre pasteur est loin d'être tendre avec les athées. En plus d'être un "non-confesseur de foi" (l'athéisme n'est pas une opinion en soi, il n'existe qu'en réaction à une croyance), l'athée connaît mal son meilleur ennemi (le croyant) et fonde généralement son jugement sur un Dieu caricatural tout droit sorti de l'Inquisition qui, à quelques exceptions près, n'est pas (plus!) celui auquel on croit aujourd'hui. Conclusion: l'athée se croit moderne mais ne l'est pas.
N'est donc pas athée qui veut. Avant de rejeter l'existence de Dieu, mieux vaut bien le connaître. Et reconnaître ainsi qu'on peut croire en lui sans croire en son existence. Loin d'être incompatibles, ces deux conditions réunies sont même pour l'auteur la seule chance de survie d'une Église encombrée d'un vieux barbu qui prend parfois beaucoup de place.