Un coup de coeur de Mollat
Jake, un vieil excentrique qui a roulé sa bosse d'est ou ouest et qui aurait quelques anecdotes croustillantes à vous raconter si vous passiez dans le coin, se retrouve à s'occuper de Titou, son petit fils. Titou est aussi policé que Jake est farfelu. Les deux compères s'entendent néanmoins fort bien, puisque Titou lui laisse gagner à toutes les parties d'échec et que Jake le laisse s'adonner à sa passion, installer des clôtures. Le vieux Jake est véritablement un type exceptionnel, depuis qu'il a rencontré Johnny-Sept-Lunes, un vieil indien malicieux, il a désormais la recette de l'immortalité : la formule d'un whisky à 97° qui assommerait n'importe quel docker irlandais, mais que pépé Jake ingurgite à belles doses tout le long du jour, le « Râle d'agonie ». Cet elixir magique, il le recommanderait à n'importe qui, il en donne d'ailleurs une petite rasade chaque jour à Titou afin de le maintenir en bonne santé.
Leur vie tranquille, rythmée entre les parties d'échec, les descentes de Râle d'agonie et la fabrication de clôtures irréprochables va être sérieusement perturbée le jour où nos deux bougres se retrouvent « parents » d'un petit canard. Mais remontons en arrière : Titou a pour ennemi juré un sanglier légendaire, nommé « Groin-Cloué » qui vient ravager ses superbes clôtures chaque fois que l'envie lui en prend, ce qui rend le Titou complètement maboul. Alors qu'un matin Titou découvre ses jolies clôtures de la veille savamment réduites en miette par Groin-Cloué, il aperçoit au fond d'un trou un œuf de canard, qu'il ramène à pépé Jake. L'œuf se brise, en sort un canard pas bien vaillant mais qu'une rasade de Râle D'agonie va remettre d'aplomb. C'est peut-être à cause de ce breuvage absorbé dès la naissance, ou simplement parce qu'elle est exceptionnelle, mais la petite cane vite baptisée Canadèche lors d'une fameuse partie de poker, va subir une croissance exponentielle comme dirait l'autre, c'est à dire qu'elle va devenir énorme, du genre à vous engloutir deux kilos de chipolatas sans effort.
Le trio vous réserve encore bien des surprises, et on se demanderait presque comment Jim Dodge a pu mettre autant d'humour, de folie douce et de whisky dans ce tout petit roman de 114 pages.