Un coup de coeur de Mollat
Alors élevée dans de multiples étangs, destinée à l'approvisionnement des villes et dont la grande consommation dépendait du calendrier religieux (pour les jours de carême), elle fut jugée "contre-révolutionnaire".
Avant 1789, les élites de l'Ancien Régime débattaient déjà sur sa mauvaise réputation. Son lieu de vie, l'étang, causait, disait-on, de longues maladies ainsi que des effets destructeurs sur les cultures avoisinantes tant par les brouillards que les innondations, occupant de plus inutilement les fonds fertiles.
Les propriétaires d'élevage étant des familles nobles, des communautés ecclésiastiques ou des roturiers opulents, la révolution mènera à terme ces débats en promulguant un décret ordonnant l'assèchement des étangs du pays.
D'une simple réforme agronomique et sanitaire, l'assèchement passait alors au rang de mesure patriotique pour les hommes de Thermidor.
De ce sujet humide et vaseux, Reynald Abad construit une histoire matérielle, intellectuelle et politique des étangs du XVIIIe siècle.
Son enquête tente d'élucider comment la France a pu passer d'un état ou les particuliers étaient seuls juges de l'opportunuité de créer ou détruire des étangs à une situation ou l'Etat estima de sa reponsabilité de les faire disparaitre du paysage rural.
Toute la question de la propriété du sol était alors à rédéfinir sous l'oeil globuleux de l'animal aquatique.