Un coup de coeur de Mollat
Il avait donc une force hors du commun, c'était un géant ou presque qui, longtemps ne sut que faire de sa force. Il n'était pas violent, n'aimait pas se battre et trouva commode d'aller s'exercer au gymnase afin d'entretenir cette masse musculaire qui lui servait si peu. Puis un jour, trés naturellement, Maxi vint en aide aux "Cartoneros", les chiffonniers de Buenos aires. Il commenca par porter une charge trop lourde pour l'un d'eux puis une autre et, sans distinction, il finit par travailler avec tous ceux qui avaient besoin que l'on tire leur carriole avec, à bord, femmes, enfants et fruits de leur recherche dans les décharges publiques. Ainsi Maxi devint une légende dans le quartier de la "Villa" où s'étaient regroupés les déshérités de la ville.
Voilà donc les prémices du nouveau roman de César Aira qui, quelques années avant tout le monde (1998) pressentit à sa façon l'immense catastrophe économique argentine. Mais César Aira ne dresse pas le portrait attendu de la misère, il en éjecte tout sentimentaliste et installe un climat onirique à travers son personnage de bon géant, rêveur et poète. S'il ne venait se greffer un policier vengeur, on pourrait croire qu'il s'agit d'un conte pour enfant mais les histoires de César Aira prennent toujours des détours inattendus. Cette fois encore, il promène sa plume parmi les genres et fait se rencontrer celui de la fresque fantastique et sociale au polar risible mais haletant.
Si vous n'avez jamais lu cet illustre auteur voilà bien une occasion pour le connaître et d'enchaîner ensuite avec d'autres titres parus chez André Dimanche qui participe à sa reconnaissance en France. En effet, Cesar Aira mérite d'être découvert autant par Le manège que Un épisode dans la vie du peintre voyageur ou encore Les larmes et La guerre des gymnases. Quoi qu'il en soit, il vous en restera toujours une aventure singulière.