Un coup de coeur de Mollat
Derrière cette douce sonorité grecque se cache l'histoire d'une musique, celle qui s'est développée au port du Pirée à Athènes dans les années 20. Celle qui a aussi beaucoup touché l'auteur pour son élan libertaire, symbolisant la culture des exilés de Turquie et des îles grecques. Une revendication musicale pour défendre leurs racines, mais qui ne serait rien sans une certaine marginalité, imprégnée d'amitié, d'amour, d'alcool et de haschisch pour effacer les douleurs. Et c'est ainsi que l'on va suivre la journée mouvementée de Stavros, Batis, Artémis, Chien et Markos, une joyeuse bande de bras cassés qui va sillonner la ville sur un air de blues grec. Une journée qui tend à s'assombrir car nous sommes en 1936, année où le Rébético est peu à peu interdit avec l'arrivée au pouvoir du dictateur Métaxas. Cette forte fraternité dérange à tel point que nous allons vivre - et petite foulée oblige - les errances de ces drôles de musiciens et danseurs rébétes.
Le trait doux alterne avec les sacrées « gueules » de ces dandys grecs, les couleurs terres et méditerranéennes soulignent une chaleur pesante qui ralentit les gestes puis les accélèrent, en même temps que cette course vers la liberté d'une vie, d'une culture, d'une musique.
On ne vous en dira pas plus sur l'histoire de ces touchants bandits que nous avons rencontré le temps d'une nuit. Peut-être juste qu'ils viennent d'obtenir le prix amplement mérité du Festival Quai des Bulles à Saint Malo. On espère maintenant les retrouver dans la sélection d'Angoulême, bouzouki et raki bien frais à la main !
« Libre. Quant à finir en disques c'est pareil, on va se mettre beau dans… des galettes de cire qu'ils vont vendre. C'est les légumes qu'on vend. Qui peut vendre des notes ? On ne vend pas le vent ! Il disparaît ! »