Un coup de coeur de Mollat
Au final : cinq morts, vingt et un blessés. Kazmierczak se donnera la mort sur l'estrade de l'amphi quelques minutes avant l'arrivée des policiers.
Ce livre de David Vann fait écho à ses précédents, à la différence que dans celui-ci les démons de l'auteur ne se cachent pas derrière des personnages de fiction. Ici, des hommes bien réels : Steve d'abord, mais David Vann, lui-même. A partir de la reconstitution de la vie de Steve, ses problèmes mentaux, ses difficultés avec sa famille, sa sur-médication et surtout sa solitude de paria antisocial ; David Vann dresse aussi un portrait de son enfance face au suicide de son père et à ses armes dont il hérite...
La perspective de David Vann sur Steve Kazmierczak est celle d'un quasi alter-ego. Mettre en parallèle sa propre expérience avec celle de Steve lui permet d'aborder les souffrances de celui-ci avec plus de simplicité et de proximité que d'autres pourraient le faire. David Vann ne cherche pas, pour autant, à donner des réponses ; car il se heurte inlassablement aux mêmes questionnements que ces terribles événements suscitent à chaque fois : pourquoi tel enfant ayant subi ces traumatismes devient un meurtrier suicidaire et pourquoi un autre enfant aux traumatismes similaires s'en sort ?
Ce qui est certain, c'est que le lecteur ne peut que se réjouir que malgré les ressemblances, David n'ait pas connu le même sort que Steve et qu'il puisse, on ne sait trop comment, livrer des récits tels que Sukkwan Island et Dernier jour sur terre. Car, si Dernier jour sur terre n'est ni une confession libératrice ni une solution miraculeuse à la peine endurée, il est un indéniable plaidoyer contre la libre circulation des armes à feu. Un sacré bon plaidoyer : dur, implacable et sans pitié à l'égard d'une nation qui tue ses enfants.