Un coup de coeur de Mollat
Cette histoire, Norman Mailer s'en est emparé et en a tiré Le chant du bourreau, prix Pulitzer en 1981. Mailer s'est intéressé aux événements qu'ont déclenché la requête de Gilmore d'être exécuté, la folie médiatique et l'engouement du public. Le chant du bourreau est à la manière de De sang froid de Truman Capote une analyse dense et minutieuse d'un crime et de ses conséquences sur la société américaine. Un long silence, à l'inverse, explore les origines de cette violence.
Mikal Gilmore est le frère cadet de Gary. Il a été le témoin le plus distant, car le plus jeune de la fratrie, des déchirements de sa famille. Aujourd'hui rédacteur chez Rolling Stone magazine, Mikal a décidé de raconter cette famille qui a fait de Gary le meurtrier qu'il est devenu. Et, bien qu'il ait été le seul à passer à l'acte, la violence était quotidienne chez les Gilmore : elle leur coulait dans les veines. Mikal Gilmore part des origines de ses parents et grands-parents dans l'Amérique profonde du début du 20ème siècle jusqu'à sa propre enfance et celle de ses frères. D'un côté une mère élevée dans une communauté mormone stricte et religieuse à l'excès et d'un autre un père élevé par une mère diseuse de bonne aventure. Mère et père, à la fois figures sacrées et démons haïs des quatre frères Gilmore : Franck, Gary, Gaylen et Mikal. Pour deux d'entre eux des destins et des morts tragiques et des survies difficiles pour les deux restants. Les Gilmore, une famille pas comme les autres parce qu'abritant un meurtrier mais pourtant une famille comme tant d'autres aux États-Unis.
Jamais Mikal n'explique ou ne justifie les actes de Gary, que ce soit les meurtres ou son désir d'être exécuté. Mikal Gilmore raconte sa famille comme une déclaration d'amour haineuse. Très certainement une façon d'exorciser ses propres démons mais sans véritable illusion qu'ils cesseront de le hanter un jour.
Un long silence est un cri sublime et bouleversant contre la violence d'une famille qui désormais, lecteur, ne cessera de vous hanter aussi.