On se souvient de quelques unes de ses œuvres, désormais emblématiques : un pigeon Kamikaze, Bristow ; les christs en fil de fer barbelé (accrochés en 2012 dans la chapelle du musée Unterlinden face au retable de Grünewald) ; l'affrontement quasi mythologique de deux icônes contemporaines, le Coup de tête de Zidane contre Materazzi ; une sculpture en lames de cutter représentant une scène d'égorgement terroriste ; ou encore la sculpture Cri, citation réaliste de la célèbre photographie de La jeune fille brûlée au napalm, etc.

Interrogeant notre relation aux informations mondiales, notre rapport au réel (celui teinté de sangs, de massacres, de conflits et des hypocrisies politiques actuelles), l'artiste s'est souvent heurté à la censure, au scandale et à diverses polémiques. N'en déplaise, au travers d'œuvres polymorphes, provocantes et explicites quant à leur message, Adel Abdessemed façonne des images aussi intelligentes que techniquement maîtrisées dans le paysage de l'art contemporain. Des vidéos, dessins, sculptures, photos et installations qui deviennent autant de paroles et discours vindicatifs adressés au monde contemporain, à une éthique iconographique et dénonçant les limites sociales imposées tant par les sociétés musulmanes que par les sociétés occidentales... Des créations qui ne nous laisseront jamais indifférents tant elles remettent en cause les/nos a priori idéologiques !

Deux expositions lui sont consacrées cette année : L'antidote au Musée d'art contemporain de Lyon-MAC et Otchi Tchiornie au Musée des Arts Contemporains-MAC's au Grand-Hornu de Mons (Belgique). Deux expositions : deux livres regroupés en un seul ouvrage aux éditions du Fonds Mercator ! D'autres écrits ainsi que d'autres monographies et catalogues d'expositions sont également à conseiller pour mieux saisir l'esprit caustique et les œuvres crépusculaires de cet artiste singulier...