L’histoire fait frémir à l’idée que le monde de l’art aurait pu passer à côté de cette artiste photographe. Jusqu’ici mystérieuse, sa vie fait l’objet de nombreuses recherches et les biographies qui paraissent répondront aux nombreuses questions de « l’énigme Vivian Maier » : né à New York en 1926, passant son enfance dans la vallée du Champsaur en France de 6 à 12 ans avec sa mère, puis retournant aux États-Unis, elle-même est ses aïeux connurent des vies familiales houleuses. Découverte par John Maloof en 2007 suite à l’achat de lots de négatifs lors d’une vente aux enchères à Chicago, Vivian Maier a passé sa vie à photographier en amatrice tout en vivotant, exerçant le métier de nourrice, loin semble-t-il de connexions du monde de l’art qui auraient pu faire connaître son travail de son vivant. La première exposition en France au musée du Luxembourg permet d’offrir un petit panorama du talent de la photographe parmi les 150 000 négatifs découverts. Comme un Cartier-Bresson, une Lisette Model ou une Helen Levitt auxquels on peut véritablement la comparer, c’est la rue qu’elle affectionne. Elle photographie la vie des habitants avec un regard à la fois naïf et émerveillé où son art de la composition et son talent pour capter l’instant impressionnent. Au-delà du caractère documentaire de son travail, on devine une photographe en constante recherche formelle : cela ne se manifeste jamais autant que dans ses autoportraits où elle affectionne de nombreux jeux de reflets avec les éléments urbains.