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La Dogana fête ses 30 ans

Publié le 01/08/2011
Hommage à une maison d'édition qui conjugue le genre poétique avec le bel objet.
Au printemps 1981, la collaboration de Florian Rodari avec deux proches amis de la Revue de Belles-Lettres, le peintre Peteris Skrebers et l'imprimeur Jo Cecconi, ainsi que leur rencontre avec quelques écrivains vont favoriser la naissance de La Dogana, aujourd'hui forte de 80 titres et pas moins de 5 collections qui font la part belle aux arts sans péage. Ce visa est donné à une parole à la fois poétique, esthétique et musicale puisque les textes publiés dans des supports variés et formats élégants sont le plus souvent accompagnés soit de gravures, de peintures, d'aquarelles ou d'un CD/disques vinyle qui donnent à voir, toucher et entendre une centaine d'auteurs, traducteurs, interprètes, musiciens, illustrateurs, photographes, compositeurs…
Cette communauté de douaniers (qui se déclarent volontiers contrebandiers) se sont réunis dans un volume anniversaire exceptionnel, hommage à la libre circulation de ces « petits postes-frontières que sont les livres ». Catalogue chronologique des trente années d'édition, il est le parfait reflet des inspirations et du travail de ses maîtres d'œuvres avec des textes inédits de reconnaissance et d'amitié de quelques fidèles emblématiques, amis souvent présents depuis le début de l'aventure : Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Jean-Pierre Lemaire, Alain Madeleine-Perdrillat, Jacques Réda, Frédéric Wandelère, Angelika Kirchschlager, Pierre-Alain Tâche. Leur contribution côtoie certaines reproductions d'artistes de renommée internationale tels Gérard de Palézieux, Anne-Marie Jaccottet, Edmond Quinche, Balthus et Claude Garache qui ont accompagné ce travail collectif mêlant dans un même souci de beauté le geste du peintre à la voix lyrique : poèmes, proses poétiques, sans oublier les Lieder de Schumann, Brahms, Schubert, Mahler dans la collection « Ad alta voce » principalement interprétés par la mezzo-soprano Angelika Kirchschlanger.

La Dogana publie des artistes de toutes nationalités : Helvètes (Jean Starobinski, Gustave Roud, Philippe Jaccottet, Anne Perrier, Pierre-Alain Tâche, Pierre Chappuis), étrangers en version bilingue et toujours traduits avec le plus grand soin dont certains grands noms des siècles passés (Gongora, Mandelstam, Emily Dickinson, Anna Akhmatova, Umberto Saba) avec une prédilection pour l'Europe romantique (Giacomo Leopardi, John Keats, Rilke, Robert Schumann, Gustav Mahler), sans oublier de nombreux poètes français contemporains (Philippe Denis, Jean-Luc Sarré, Nicolas Cendo, Jacques Réda).

La collection liminaire de La Dogana sobrement baptisée « Poésie » dont le tout premier titre Les marges du jour de Jean-Pierre Lemaire vient de bénéficier d'une réimpression, s'est enrichie au fil des trois décennies : en 1988 naît la collection « Prose » puis des textes critiques regroupés sous le nom de « Poésie Prétexte » en 1996. La collection de livres illustrés et de réflexions sur l'art « Images » voit le jour en 2000 et en 2002, l'anthologie personnelle de la poésie francophone et européenne de Philippe Jaccottet inaugure la collection « Poètes du XXe siècle ». Ce dernier (qui est par ailleurs l'oncle de Florian Rodari) a autorisé exceptionnellement l'enregistrement de sa voix lisant ses propres textes à l'occasion de la remise du Prix Schiller (lire ici notre blog)  rédigé lors de cette parution) en 2010 : ce CD joint à des hommages en trois langues (traduits en français) trouve son parfait écrin dans un coffret rouge intitulé Le Combat inégal.

L'hiver 2011-2012 mettra à l'honneur le 120ème anniversaire de la naissance de Ossip Mandelstam puisque La Dogana s'est associée avec les éditions amies Le Bruit du temps pour traduire une conséquente biographie du poète russe disparu en 1938, Mon temps, mon fauve : preuve qu'au-delà de la fraternité (in)visible qui relie tous ces passeurs se tisse le désir d'une poésie qui circule véritablement sans nul souci de temps ni de frontières !