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Lus en été, conseillés en automne : les romans étrangers !

Publié le 02/07/2013
Après la copieuse Rentrée Française, voici notre sélection de romans étrangers. Il y en a pour tous les goûts, même les plus forts...
En cette rentrée 2010, il semblerait que les règles usuelles soient bousculées. D'une part, avec la confusion qui a régné autour de la sortie des derniers Bret Easton Ellis et Houellebecq, dont les dates ont été modifiées à la dernière minute, générant d'importantes disparités entre les différents lieux de ventes, certaines librairies ont pu céder à l'inquiétude et avoir le sentiment que – serait-ce le fruit d'une conjoncture toujours aussi morose ? – la concurrence n'était pas un vain mot ces temps-ci !

D'autre part, traditionnellement décalée par rapport à la rentrée française, la rentrée littéraire étrangère semble avoir été avancée, de sorte qu'il ne faudra pas attendre octobre pour lire les romans étrangers les plus chroniqués au cours de l'été. En revanche, une constante demeure bel et bien : si l'on a souvent hâte de lire les grandes pointures que l'on suit depuis des années, l'on peut également se laisser tenter par des auteurs moins célèbres.

Voici donc la sélection de vos libraires dévoués qui ont lu tous l'été et vous les conseillent pour l'automne !



Suite(s) impériale(s) de Bret Easton Ellis
On en parle depuis le début de l'été dans tous les journaux, magazines, et blogs, dans lesquels les critiques littéraires s'en donnent à cœur joie : s'il y a un livre à ne pas manquer en cette rentrée, c'est bien celui-là ! Enfin ça dépend de vos goûts, évidemment, mais si vous avez un penchant pour les romans sombres et cyniques, jetez-vous dessus ! Reprenant les mêmes personnages que dans Moins que zéro, mais âgés de vingt-cinq ans de plus, l'auteur d'American Psycho nous replonge dans le côté noir de Los Angeles, derrière les paillettes et les oscars. Toujours aussi efficace !

La baie de midi de Shirley Hazzard
Le roman aurait pu s'appeler Une jeune Anglaise à Naples, ou Une Anglaise bien tranquille, mais l'auteur a opté pour un titre plus énigmatique en parfaite adéquation avec ce petit bijou littéraire qui embarque ses lecteurs dans un voyage en plein cœur de la cité parthénopéenne, le tout dans une prose poétique et ciselée merveilleusement traduite. Le premier texte d'un auteur auquel nous sommes fidèles.

Les jeux de la nuit de Jim Harrison
Big Jim est de retour avec un recueil de trois longues nouvelles dans la lignée des Légendes d'Automne qui ont fait sa renommée. La première, la plus saisissante, vaut à elle seule le détour ; son portrait d'une adolescente blessée en quête de vengeance nous rappelle la force lumineuse d'une Dalva ; pour le reste, on retrouve toujours avec plaisir ses héros bourrus mais bourrés d'humanité et toujours son penchant pour la grivoiserie et les plaisirs de la chair.

La malédiction des colombes de Louise Erdrich
Si vous cherchez un bon gros roman américain dans lequel vous immerger le temps de plusieurs heures, vous devriez trouver votre bonheur entre les pages de La malédiction des colombes. Ce roman polyphonique nous plonge dans l'histoire de Pluto, un petit village du Dakota du Nord, dans lequel cohabitent Blancs et Indiens depuis des décennies. A travers le récit de trois protagonistes, cependant, on se rend compte que les choses sont loin d'être roses et que des tensions subsistent depuis un événement des plus marquants. Un grand roman, servi par une très belle traduction !

Débutants de Raymond Carver
Retraduction ou inédit, qu'est-ce donc que ce Débutants de Carver ? Eh bien ni l'un ni l'autre : il s'agit des nouvelles du recueil Parlez-moi d'amour, mais désormais disponibles dans la forme que leur avait donné leur auteur avant que son éditeur ne s'en mêle. Or ce dernier, le fameux et brillant Gordon Lish, avait manifestement la dent dure, sans doute à tort, à en juger par la lecture de ces textes non expurgés. Le résultat est là : une succession de véritables merveilles, plus abouties encore qu'on ne l'eût cru, néanmoins assez sombres et déprimantes – bref, la vie dans ce qu'elle peut avoir de plus éprouvant…

Purge de Sofi Oksanen
Suspense haletant, sens du rythme, prose délicate, tels sont quelques uns des ingrédients qui justifient le succès de cette magnifique découverte intitulée Purge. Ce roman polyphonique nous plonge dans l'histoire des rapports entre l'Estonie et la Russie à travers une série de personnages féminins très forts : une partie de l'action se déroule dans les années 1940, tandis que l'Estonie était occupée par les Soviétiques, et l'autre se déroule une cinquantaine d'années plus tard, au lendemain de l'effondrement du bloc soviétique. En un mot, ce n'est pas étonnant si ce roman, qui n'est pas le premier de son auteur, mais seulement le premier à être traduit en français, a fait l'objet des plus belles éloges depuis sa parution en France et à l'étranger !

L'été de la vie de J.M. Coetzee
Coetzee est mort : heureusement, ce n'est qu'un roman et il nous suffit de lire les premières pages pour être subjugué par l'acuité de ce grand écrivain sud-africain qui nous livre cette fois un autoportrait sans concession ; c'est peu dire qu'il ne se fait pas de cadeau : piètre amant, handicapé social, pas de conscience politique, et pourtant, derrière cette amertume, on sent un homme pudique, qui ne triche pas et qui nous offre le meilleur de lui-même, sa vérité.

La vie et les opinions de Maf le chien… de Andrew O'Hagan
Qui sait aujourd'hui que le meilleur ami de Marilyn était un bichon maltais nommé Mafia Honey ? Ce petit chien qui suivait sa maitresse partout était le mieux placé pour rendre compte des deux dernières années de celle qui fut l'archétype de la célébrité et qui pourtant, chercha toute sa vie à s'améliorer . En choisissant la satire animalière, O'Hagan nous régale avec un récit pétillant de drôlerie et d'intelligence tout en nous faisant un portrait décalé d'une Amérique au seuil de la modernité.

Féroces de Robert Goolrick
Dans la lumière, la famille Goolrick rayonne par son élégance, son esprit, sa manière raffinée de recevoir ses convives. Dans l'ombre, cette même famille cache de lourds secrets, que va révéler Robert Goolrick par petites touches concentriques. L'alternance passé-présent maîtrisée à l'extrême nous entraîne dans une intense réflexion sur l'existence, la mort, la maladie et les addictions de tout ordre. Un récit profondément touchant qui saura faire écho en chacun de ses lecteurs.

Demain j'aurai vingt ans d'Alain Mabanckou (il était à la librairie le 14 septembre dernier ; revivez cette rencontre en podcast et en vidéo)
Michel a dix ans et vit à Pointe-Noire. Son regard, à la fois candide et perspicace, nous entraîne dans le Congo des années 70, alors en pleine mutation. A travers ce Petit Nicolas congolais, c'est la voix du monde que l'on entend, la sienne et celle qu'il écoute à la radio et tente de comprendre. Ce roman apparaît comme l'une des plus grosses bouffées d'oxygène de la rentrée littéraire.

Béatrice et Virgile de Yann Martel
Henry, un écrivain abandonné par ses éditeurs, va accepter une demande très particulière de la part d'un taxidermiste : l'aider à terminer une pièce qu'il est en train d'écrire et dont les personnages principaux sont un âne et un singe hurleur ! Déroutant, dérangeant, ce deuxième roman de Yann Martel propose une fois encore un fascinant bestiaire (souvenons-nous du tigre dans L'histoire de Pi) et a l'art de piquer la curiosité de son lecteur.

Une bien étrange attraction de Tom Robbins
Une bien étrange histoire de gitane mariée à un magicien hippie, qui décident d'ouvrir un zoo avec des animaux peu ragoûtants ou handicapés, et des personnages secondaires dont le charisme n'a d'égal que leur folie. Ce dernier roman de Tom Robbins, c'est un feu d'artifice d'idées, un remède anti-morosité, une explosion de fantaisie. De quoi illuminer les monotones mois d'automne !

L'indésirable de Sarah Waters
Un roman de style gothique qui confirme le talent de l'auteur pour nous plonger dans un univers inquiétant et tragique.
Nous sommes en 1939. Le docteur Farder, après trente ans d'absence revient s'établir comme médecin de campagne dans le comté de Warwickshire au centre de l'Angleterre. Sa rencontre avec la famille Haynes au domaine de Hundred Hall où avait travaillé sa mère comme femme de chambre va bouleverser sa vie. Très vite des événements mystérieux voire tragiques vont se succéder. Hos mode, hors temps, L'indésirable aura de quoi susciter de terribles désirs de littérature...

Sanctuaires ardents de Katherine Mosby
L 'action de ce magnifique roman se déroule en 1928 en Virginie. Abandonnée par son mari, Vienna Daniels va faire de sa propriété une sorte de refuge à ciel ouvert pour elle et ses deux enfants. Trop libre et marginale, elle va se heurter aux commérages et jugements de tous. Jusqu'à ce que le sort s'acharne sur cette famille unie par l'amour de la nature et ses éléments. Plus sombre que son précédent opus qui nous avait enthousiasmé, Sanctuaires ardents confirme une belle voix anglo-saxonne.

Crépuscule irlandais d'Edna O'Brien
A travers les échanges de Dilly et sa fille Eleanora, partie vivre à Londres, ce livre bouleversant est un hommage aux mères, à leur amour dévorant et au vide que l'absence, ponctuée par de rares visites, ne parvient pas à combler.
Arrivée au terme de sa vie, gravement malade, la vieille Dilly égrène les souvenirs anciens et marquants qui ont construits sa vie. Elle écrit sans relâche à sa fille bien-aimée qui n'y répondra pas ou pas souvent.

Étrangers de Anita Brookner
A travers le portrait d'un homme vieillissant seul au coeur de Londres, Anita Brookner,comme à son accoutumé, se livre à une subtile introspection, une intéressante réflexion sur la solitude des êtres livrés aux « étrangers », sorte de rencontres fortuites.

Poser nue à La Havane de Wendy Guerra
Wendy Guerra a trouvé sa voix. Dans son dernier roman, elle parvient à allier l'ensemble de ses obsessions d'écrivain (son attachement à Cuba, sa fascination pour Anaïs Nin et sa prédilection pour la forme du journal intime) en imaginant ce qu'aurait pu écrire la jeune Anaïs lors de son séjour à La Havane en 1922-1923, période fondamentale pour la jeune femme, qui s'est vue propulsée en plein cœur du monde des adultes. Bel exercice !

Dernier train pour Buenos Aires de Hernan Ronsino
Petit récit à plusieurs voix, le Dernier train pour Buenos Aires consiste en une sorte d'anti-roman policier dans lequel le mystère autour du drame est maintenu jusqu'à la fin. Dans ce microcosme essentiellement masculin, une poignée de protagoniste prennent la parole pour raconter leur histoire à plusieurs années d'intervalle. Pendant ce temps, métaphore des différents régimes politiques, le train pour Buenos Aires va et vient, ses rails sont installés puis démantelés. Plus rien à faire…

Rosa Candida d'Audur Ava Olafsdottir
Qui n'a pas encore cédé au charme fou de ce roman candide et beau comme une rose à peine éclose ? L'aventure du jeune héros de ce livre a de quoi effectivement toucher au cœur ceux qui en ont assez des héros cyniques et désabusés : il a vingt-deux ans, une méconnaissance totale des rouages dis-harmonieux de la vie mais l'intuition que la difficulté est tout le temps présente, une envie de réaliser un rêve hérité de sa mère : retrouver une roseraie fabuleuse et y planter la rosa candida familiale. Nous allons l'accompagner dans ce périple à la recherche de lui-même, père improbable d'une petite fille qui lui est presque tombée du ciel, et c'est lui qui va nous adopter...

Le faux ami de Henrik B.Nilsson
Pas facile de tout saisir dans ce volumineux et complexe roman mais quand on y est, difficile pour le coup de s'en extraire. Vienne, 1903, Freytag est un correcteur en retraite, petit monsieur sans relief qui a voué sa vie à la littérature et aux corrections des autres dont un auteur devenu célèbre. Son fantasme d'écrivain se heurte sans cesse à son incapacité à écrire. Son monde bien ordonné se voit ébranlé par une succession de demandes auxquelles rien ne l'avait préparé : s'attaquer au dernier manuscrit de Bartsch que lui seul peut rendre lisible et....s'attaquer à Bartsch lui-même dont le manuscrit représente une menace pour l'église que ce catholique fervent cherche à défendre. Tenter de résumer un peu plus ce roman érudit tiendrait de la gageure en quelques lignes mais si l'on excepte une partition un peu longue cette histoire est extrêmement bien menée.

Un autre amour de Kate O'Riordan
Quand un séjour en amoureux à Rome fait basculer un couple qui a tout pour être heureux..Fantôme du passé :un amour jamais oublié trouble à nouveau l'homme du couple. Sa femme fera tout pour l'arracher à ce premier amour. Pas de mensonges pour ce nouveau trio. Nouveau ? Les fantômes du passé ressurgissent, encore plus présents. Mais il faut un jour en finir avec eux. Pour se sauver, sauver ceux qu'on aime...Kate O'Riordan murmure la douleur, les douleurs...Pas d'éclats de voix...De la délicatesse pour être au plus près de ces personnages...

Eaux fortes de Buenos Aires de Robert Arlt
Grand écrivain argentin et précurseur de toute une littérature Arlt, en plus de quelques romans hallucinés, s'est distingué par des chroniques tournoyantes et drôles sur sa Buenos Aires intime. Brefs clichés où le drôle se conjugue à l'inquiétant, ses eaux fortes restituent une ville déjà en train de muter, cédant peu à peu à une modernité qui en gomme les aspérités. Un voyage fait d'éclairs, une visite faite de confidences ou de découvertes improbables, ce recueil est une bénédiction pour les amoureux de l'Argentine.

Bibliographie