Récit de l'itinéraire de Jules Rimet, catholique et républicain qui au début du XXe siècle, a perçu les vertus sociales du football et a démocratisé sa pratique en France. Ce jeu cherche alors sa place dans le monde du sport sur fond de rivalité entre la vision laïque des républicains et celle des catholiques qui cherchent à restaurer l'influence perdue auprès de la jeunesse dans les écoles. ©Electre 2024

La foi dans le football

L'histoire commence dans la gadoue de terrains assez vagues où se pratique un football british de contrebande Ce jeu de ballon aux règles encore imprécises se fixe au Havre dès 1872.

Ce livre raconte l'implantation et la démocratisation du football en France sur fond de rivalités entre la vision laïque des républicains et celle des catholiques qui encensent le football comme pratique sportive attractive au sein des patronages confessionnels pour restaurer, auprès de la jeunesse, l'influence qu'ils ont perdue dans les écoles L'Association de la Jeunesse Auxerroise, créée en 1905 par l'abbé Deschamps, naîtra de ces turbulences.

Au vrai, avec leur arsenal de lois (laïcité [1882], associations [190l], séparation des Eglises et de l'Etat [1905]), les « Gunners » républicains avaient sonné le tocsin de la toute-puissance éducative d'une Eglise catholique qui se parfumait encore de valeurs d'Ancien Régime et ne s'était ralliée à la République que du bout de la mitre.

Étouffé par ces divisions, asphyxié par le dogme de l'amateurisme, le football, qui se cherche encore une ferveur supportrice (le premier match de l'équipe de France au Parc des Princes, le 12 février 1905, ne rassemble que 500 pékins), est en quête de l'homme du second souffle Jules Rimet a le profil, c'est un passeur de frontières Catholique éperonné par la doctrine sociale de l'Eglise, il n'en est pas moins un républicain convaincu qui fait du progrès social le sillon de son apostolat laïc. C'est surtout un novateur, l'un des premiers à percevoir les vertus sociales du football qu'il considère comme un vecteur d'émancipation pour la classe ouvrière.

Sa foi dans le football le conduit à créer le Red Star en 1897, club de quartier du « Gros-Caillou » dans le 7^e arrondissement de Pans, qui connaîtra la gloire en migrant à Saint-Ouen L'homme finira par imposer son style et sa vision en devenant après la Première Guerre mondiale le premier président de la FFFA (Fédération française de football-association) et celui de la FIFA (Fédération internationale de football-association).

Au-delà des froufrous de la Belle Epoque qui invente, grâce au sport, une nouvelle sociabilité, ce livre retrace l'itinéraire de Jules Rimet qui sut se mettre hors-jeu et pratiquer l'art du contre-pied pour donner au football ses crampons de noblesse populaire.