Des chroniques qui dénoncent le sexisme, le racisme, la domination, la discrimination et les inégalités. Avec en toile de fond un plaidoyer pour l'engagement, le militantisme associatif ou syndical. ©Electre 2024

Les petites nouvelles

« Je vais te dire ce que j'en pense, moi, de ton allergie au latex ! Dès que la société, ma famille, l'école, a décidé que j'étais devenue une femme, un être capable de se reproduire, j'ai été sommée de me protéger. Protéger ? Du grand méchant loup, des maladies, des surprises désagréables ? Le monde du dehors, la cour des grands est pleine de prédateurs, de méchants garçons, d'hommes aux mauvaises intentions, tous malades de leur virilité débordante, de leur testostérone inondante, de leurs fréquentations de trottoirs. Tous les hommes ne pensent qu'à ça ! Mais, maman, dis-moi à quoi ils pensent les hommes, qu'est-ce qu'on leur a fait, qu'est-ce qu'on leur déclenche qu'on ignore ? »
« Pilule mon amour »,
extrait

Il y a l'homme, il y a la femme.

Il y a l'Histoire, les sociétés, la civilisation.

L'Histoire est faite par les hommes, celle des guerres et des compromissions. Ils dictent les codes, soumettant le faible. La femme arrive alors bien plus tard dans l'histoire de l'humanité... Sortie de terre, la Vénus de Willendorf représentait la femme féconde et maternelle, un vase à semence, fertile, fournissant du muscle pour nourrir les guerres. Fut-elle sculptée par la main de l'homme, ou est-ce un autoportrait ? Olympe abritait ses Dieux, une histoire de mâles virils. Olympe fut femme, oubliée des manuels scolaires, dame pour un autre demain trop précoce.

Jeanne R.M me fait voyager, à travers le temps, l'espace, du fond d'un jardin, dans le couloir d'un bus, dans une cage d'escalier, au bord d'un lac d'Afrique, l'ambiance d'un café. Je visite l'Histoire de celles qui ont saigné et celles qui ont pensé, qui ont osé, l'Histoire de gens, des rejetés et des amants. Par des jeux de scènes, Jeanne R.M surprend notre sérénité, nous apostrophe, il faut revenir en arrière pour comprendre le pourquoi des couleurs posées sur les mots. En une demi phrase, quand on se croit protégé, c'est, au dernier coup de pinceau, que le tableau nous heurte, nous surprend ou, parfois, nous invite à poser nos propres couleurs. Cette Jeanne là bouscule.

Que ceux qui font les sourds, ne cassent pas leur sonotone et perçoivent les cris et les murmures de notre Histoire contemporaine. Aragon clamait « la femme est l'avenir de l'homme », et déjà Pierrot dénonce « la femme grillagée ».