Le vin de Saint-Emilion connaît une renommée mondiale. Sa gloire n'est pas seulement due à son nectar mais aussi à son site, terre de légende et haut lieu de pélerinage. ©Electre 2024

Le vin de Saint-Emilion chante sur des lèvres gourmandes dans le monde entier. Mais sa gloire ne réside pas seulement dans les coupes profondes du vin de Bordeaux où sa couronne festoie. Elle se révèle aussi radieusement dans son pays d'origine, véritable terre de légende qui semble issue de l'imagination d'un enchanteur, comme si les doigts de la vigne avaient amoureusement modelé chaque détail du panorama, les vignobles, les demeures, les châteaux, invitant le voyageur à une merveilleuse flânerie à la rencontre du magicien des lieux, l'Esprit du Terroir.

Ce grand seigneur à réussi la performance de transformer son royaume simultanément en haut lieu de pèlerinage et en atelier d'art. Dans un rocher sacré, il a inspiré la taille de monuments extraordinaires qui évoquent un univers mythique oublié, seuil, selon une tradition médiévale, des châteaux de l'âme, «maison intérieures» où l'âme s'épanouit. Au cours des siècles, trois sanctuaires monolithes ont été ainsi édifiés, attirant en Saint-Emilion des planteurs de foi devenus successivement planteurs de ceps, chercheurs érudits, moines hospitaliers, maîtres d'œuvre d'une citétemple au plan tracé dans le ciel, fondateurs de l'une des premières communes libres d'Europe, pères d'un enfant prodige, le vin de Saint-Emilion, vin médecin, vin convivial, vin mystère détenteur des secrets du terroir.

Lorsque des lèvres gourmandes découvrent le site de Saint-Emilion, elles trouvent un nouvel attrait à l'objet de leur convoitise. Le génie qui s'exprime dans l'art de vivre est le même qui s'exprime dans le vin. Saint-Emilion est le miroir du vin, ce vin, qui au dire des alchimistes, «marie les étoiles d'en haut et les étoiles d'en bas» et n'a pas son pareil pour relier l'homme aux forces intimes de la nature.

Des études d'anthropologie ont conduit ce cadet de famille saint-émilionnaise à mener avec son épouse médecin une carrière de communicateur au long cours à travers le continent africain, particulièrement au Sahel où il a animé un réseau radiophonique inter états.

De retour à Saint-Emilion, la beauté des lieux inspire au couple en 1980 un mini festival «Musique et Vins dans les châteaux». En deux décennies les manifestations se multiplient et se diversifient : concerts, évocations historiques, expositions, théâtre, fêtes populaires. Les «Grandes Heures de Saint-Emilion» marient désormais arts, art de vivre, architecture.

Les singularités du patrimoine saint-émilionnais aiguisent l'attention de l'auteur. Il attire historiens et chercheurs qui découvrent avec admiration les témoignages d'une culture mystérieuse et raffinée à l'origine du terroir viticole de Saint-Emilion.

François Querre et Jacques de Givry en font un ouvrage captivant qui est un hymne à la civilisation de la vigne et du vin.