J. Demarcq évoque sa passion pour G. de Nerval, même s'il est peu enclin au romantisme. Il se retrouve dans les sonnets et poèmes de l'écrivain, et s'en inspire. Il est fasciné par son écriture. ©Electre 2024
Nerval m'est un vieil ami. Peu enclin au romantisme, je me suis souvent demandé ce qui me liait à lui. J'étais, je suis toujours fasciné par les sonnets des Chimères, bien sûr : leur énigme et leur limpidité tout à la fois. Mais c'est surtout dans Sylvie et ses autres récits du Valois que je me promenais ; j'y retrouvais un peu de mes paysages dans une contrée proche.
Je me suis mis à écrire avec lui. J'ai emprunté la trame d'un de ses contes pour un livret d'opéra dont le style, certes, est aux antipodes du sien. Plus tard, j'ai retracé sa vie dans la bouche d'un enfant. Entre temps, je lisais et relisais Sylvie, Aurélia, et ses autres textes. Plus j'allais, plus son écriture acquérait une vie autonome, détachée de sa biographie et des paysages qu'il a parcourus, pour s'engager avec une incroyable lucidité dans la folle aventure des signes.
Comme l'a senti Proust, il est l'anti-Saine-Beuve : sa vie l'explique peu. Son oeuvre montre avec douceur qu'un être humain vient moins au monde qu'il ne tombe dans un langage : une mise en forme de la réalité dont les bases culturelles, toujours un peu mythiques, recèlent désirs et dangers. Nerval ne m'en est devenu qu'un ami plus intime.
Jacques Demarcq
Paru le : 04/02/2010
Thématique : Auteurs - Critique littéraire
Auteur(s) : Auteur : Jacques Demarcq
Éditeur(s) :
Corti
Collection(s) : En lisant, en écrivant
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7143-1018-7
EAN13 : 9782714310187
Reliure : Broché
Pages : 107
Hauteur: 18.0 cm / Largeur 14.0 cm
Épaisseur: 0.9 cm
Poids: 119 g
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