Un cinéaste, un peintre, un écrivain, un architecte, un photographe, un musicien, un médecin parlent de la tauromachie. Des regards variés qui se complètent et apportent autant de regards inédits sur cette pratique. ©Electre 2024

Ce livre n'est pas un livre sur la tauromachie mais autour d'elle.

Nous avons eu envie d'entendre d'autres mots, d'autres sons, d'autres rêves et de savoir comment le cinéaste, le peintre, l'écrivain, l'architecte, le photographe, le musicien ou même le médecin nous parlent de la tauromachie.

Ces regards croisés nous ont livré leur part de secrets. De l'architecte qui caresse le galbe de sa future arène, au regard du torero sous la lumière acide de l'infirmerie, chacun nous donne sa vérité. La vérité de cette tauromachie que l'on sait indéfendable inexplicable et pour tout dire irréductible. Mais la tauromachie est là, tout entière, dans cette composition "poupée - torero - marionnette" du photographe, dans ce quasi-silence de la "grande littérature" auquel fait écho une quasi-permanence dans l'oeuvre d'un écrivain béarnais couvert d'honneurs parisiens, dans la vachette de Tintin et les oranges bleues qui charge les malheureux Dupond-Dupont, dans la muleta bleue d'Antonio Uria Monzón, dans la note - tout aussi bleue - du Music Matador d'Eric Dolphy.

La tauromachie est bien là, touchante et dérisoire, dans les fantômes alignés sur les étagères de l'aficionado-collectionneur, comme elle est là, exubérante et baroque dans ces nouvelles écrites pour la circonstance (Ô les taures, Eros!). Puisque la corrida est une énigme il nous faut en parler encore, parce que la connaissance augmente l'amour, presque toujours.

La tauromachie est un cercle. Tout le monde y passe son temps à tourner en rond. Des regards décentrés nous ont permis de sortir du cercle pour observer l'étrange tribu. Apparaissent alors de vastes correspondances entre l'architecture des lieux, les odeurs qui s'en dégagent, la couleur des mots pour en parler, le phrasé de la musique qui s'en échappe, le grain des photographies qui en rendent compte.

Nous n'avons pas cherché la cohérence, plutôt la convergence. Ces regards croisés convergent vers un même objet: une pratique barbare de quelques peuples inégalement répartis à la surface du monde et qui se rassemblent épisodiquement sur les pentes d'un caractère pour entendre un homme et un animal se raconter des histoires drôles, tragiques, tendres ou burlesques.