Analyse géopolitique de la production agricole mondiale et des défis que les Etats auront à relever pour assurer l'alimentation d'une population mondiale en expansion. ©Electre 2024

Brutale envolée des cours agricoles durant la période 2007-2008, rapide baisse de ces derniers par la suite, émeutes de la faim, sentiment général de paupérisation des agriculteurs alors que plus d'un milliard d'hommes souffrent de la faim... Autant de faits d'une actualité récente qui prouvent à quel point l'agriculture est au coeur des problématiques géopolitiques et géoéconomiques planétaires. Pourtant, l'agriculture semble un secteur économique traditionnel, passéiste, déjà condamné par un mouvement de révolution industrielle toujours bien réel dans le monde en développement cependant que les structures économiques les plus riches sont déjà largement lancées sur la voie de la tertiarisation postindustrielle. Cette vision courante, très caricaturale, masque mal une réalité autrement différente.

En effet, la mondialisation, en bouleversant les hiérarchies économiques héritées, a placé l'agriculture, secteur longtemps protégé par les États, au centre d'échanges commerciaux asymétriques entre grandes puissances agro-exportatrices et États structurellement dépendants vis-à-vis d'importations vitales pour l'approvisionnement alimentaire de leur population. De plus, à long terme, l'humanité devra résoudre le défi d'une demande alimentaire dont le caractère haussier repose, certes, sur la croissance démographique de la population mondiale, mais, plus encore, sur des exigences alimentaires sans cesse plus sélectives à mesure que les sociétés accèdent à des niveaux de développement supérieurs.

Or, les recettes de jadis qui ont permis la massification des productions agricoles semblent en bout de course. Plus que jamais, les agricultures mondiales sont à la croisée des chemins, entre la recherche de productions plus abondantes, mais de qualité supérieure, tout en préservant davantage un environnement longtemps malmené, et ce, dans le cadre de structures de production qui devraient être socialement plus équitables. Car la pauvreté mondiale frappe d'abord les ruraux et, fait a priori paradoxal, livre les agriculteurs impécunieux à la plus scandaleuse des tragédies : la faim.