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Traducteur : Münevver Andaç
La mémoire est un jardin où foisonne plantes mystérieuses et fleurs terrifiantes.
Le livre noir c’est Proust à Istanbul, une Istanbul désorientalisée, froide et inquiétante. C’est le livre magnifique et bouleversant d’un homme, Galip, qui se perd et se trouve, tel Marcel, dans la quête d’une double disparition. Celle de Ruya sont amour de toujours et Djelal journaliste audacieux. C’est le récit d’une errance dans la ville, la mémoire et les mots. Mais on poursuit les autres pour se trouver soi, c’est l’une des leçons de la Recherche qui est au cœur du livre de Pamuk. De réécriture de passage de Proust, à la figure d’Albertine devinée en Ruya, jusqu’aux sons de la ville et au trouble des corps.
Mais c’est avant tout la splendeur d’une langue sensuelle et circonlocutoire, une langue qui tourne sans trembler qui font de ce livre une lecture marquante dont les derniers mots disent la conception proustienne du monde : « rien ne saurait être aussi surprenant que la vie. sauf l’écriture ».