Agent de la Direction nationale des enquêtes douanières de Lyon et infiltré dans les réseaux de trafic de drogue de 1983 à 1991, Jean-Pierre Cazé revient sur son expérience et sur les risques liés aux méthodes d'infiltration. En 1991, il est arrêté avec ses hommes par la police lyonnaise, mis en examen pour trafic illicite. Trois ans plus tard, il bénéficie d'un non-lieu. ©Electre 2024

Au coeur du trafic

Mémoires d'un douanier infiltré

De 1983 à 1991 .travaillant pour la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières de Lyon (DNRED), Jean-Pierre Cazé s'est infiltré sous couverture au sein des plus grands réseaux internationaux de trafic de drogue. Appliquant les méthodes de services secrets comme le FBI américain, jusqu'alors inconnues en France, il a remonté avec son équipe les filières des trafiquants, notamment en Espagne et au Maroc.

Nous le suivons dans ses manoeuvres d'approche, découvrons avec lui le fonctionnement très sophistiqué des transferts clandestins par bateau ou par voie routière et les protections haut placées de ces réseaux.

Chaque nouvelle mission est plus dangereuse que la précédente. Les douaniers infiltrés n'ont pas droit à l'erreur : au moindre doute sur leur identité réelle, ils peuvent être abattus.

La méthode d'infiltration pose aussi des problèmes inédits : pour démanteler un réseau, il faut arrêter tous les protagonistes en flagrant délit. Que faire lorsque, pour tester la fiabilité de l'infiltré, on lui propose avant toute transaction de goûter lui-même à la drogue ou lorsqu'on exige de lui qu'il en cède un échantillon ? Accepter, c'est se mettre hors la loi ; refuser, c'est prendre le risque d'être tué.

À force d'astuce et de sang-froid, les résultats s'accumulent, impressionnants. Et ils ne sont pas du goût de tout le monde. En 1991, Jean-Pierre Cazé et quelques-uns de ses collègues sont arrêtés par la police lyonnaise et mis en examen pour trafic illicite. Ce nouvel épisode de la guerre des polices va mettre un coup d'arrêt à l'activité peu orthodoxe de l'équipe. Après trois ans d'instruction, Jean-Pierre Cazé bénéficie pourtant d'un non-lieu. Et la loi est adaptée pour tenir compte des contraintes de l'infiltration.