Stanislav Govoroukhine est cinéaste et député. En achevant un grand reportage sur la criminalité en Russie, il a compris que son film ne sortirait jamais sur les écrans. Pour ne pas laisser perdre les matériaux accumulés, il a décidé d'en faire un livre. Celui-ci décrit sans détours la réalité du régime instauré en Russie depuis la fin déclarée du communisme. ©Electre 2024

Stanislav Govoroukhine est cinéaste et député. En achevant un grand reportage sur la criminalité en Russie, il a compris que son film ne sortirait jamais sur ses écrans. Pour ne pas laisser perdre les matériaux accumulés et lancer malgré tout son message d'alerte, il a décidé d'en faire un livre. La Grande Révolution criminelle décrit sans détours la réalité du régime instauré en Russie depuis la fin déclarée du communisme :

Aux quatre coins du pays, l'auteur et son équipe ont recueilli nombre de faits et de témoignages sur le «grand bradage» du patrimoine de la Russie : des minerais précieux aux oeuvres d'art, les biens s'écoulent en quantités colossales vers l'étranger, sans que le pays en tire un quelconque bénéfice.

Devant un Occident crédule et aveuglé, les communistes soviétiques ont aisément réussi leur conversion de surface ; se proclamant «démocrates» du jour au lendemain, ils ont réussi à reléguer en marge de la vie publique toutes les forces vives de la nation.

Alors que la population sombre dans la misère, elle voit se créer une classe de «nouveaux riches», hybride malheureux du déréglement capitaliste et de la sclérose communiste, pour qui leur pays est un fardeau et une honte. En symbiose avec cette pègre d'«hommes d'affaires», prospère une intelligentsia corrompue et opportuniste. Le monde maffieux est son mécène, elle est son alibi.

Entre les événements d'octobre 1993 et la guerre de Tchétchénie, le gouvernement russe a dévoilé son vrai visage : celui d'une dictature féroce qui ne recule devant aucun moyen de répression. En témoin direct des événements, l'auteur raconte les troubles de 1993 qui ont abouti au massacre à coups de canon du Parlement de Russie. Recourant aux récits de participants et aux documents vidéo, il restitue l'ampleur réelle de cette guerre occultée, qui fut menée par le pouvoir contre sa propre population.

Accusant ses confrères journalistes de pratiquer le «deuxième plus vieux métier du monde», Govoroukhine livre une peinture accablante du milieu médiatique russe, hypocrite, servile, féroce à l'égard des opposants. Et il conclut : «Au fond, les réformes en Russie n'auront consisté qu'à remplacer le drapeau rouge par une lanterne de la même couleur.»

La grande révolution criminelle est un document impitoyable sur la Russie actuelle, où l'on découvre sous une lumière crue des enjeux politiques et sociaux aux conséquences planétaires.