William Garner Sutherland (1873-1954) avait promis à ses élèves d'écrire son autobiographie pour raconter le cheminement qui l'avait conduit à développer l'ostéopathie crânienne. Finalement, son épouse et plus proche collaboratrice tint cette promesse dans cet ouvrage paru en 1962. Elle explique comment son mari, journaliste de formation, s'est passionné pour l'ostéopathie et l'étude du crâne. ©Electre 2025

Avec des doigts qui pensent

William Garner Sutherland (1873-1954) aurait voulu, pour répondre aux voeux conjoints de son épouse et d'une commission de la Cranial Academy, écrire sa biographie. Il n'en eut pas le temps, c'est sa femme, Adah Strand Sutherland, aidée de plusieurs praticiens, qui honorera sa promesse. Elle intitulera son récit : Avec des doigts qui pensent, en référence au concept du Dr Sutherland, qui définissait son approche diagnostique par « des doigts capables de sentir, de penser, de voir, et de connaître ».

Celle qui fut à la fois son unique soutien indéfectible et le témoin attentif de sa recherche, nous fait partager toutes les étapes du chemin parcouru par William Sutherland. Depuis l'intuition initiale de la fin de ses études - une disposition articulaire des os crâniens suggérant la mobilité d'un mécanisme respiratoire - jusqu'aux expériences les plus risquées sur son propre crâne, il fit preuve d'une persévérance remarquable pour approfondir sa « pensée-guide » et organiser le concept crânien, qu'il ne considéra jamais comme une spécialité, mais comme une partie intégrante de la science de l'ostéopathie, celle que le Dr Still n'avait pas eu le temps d'élaborer complètement.

Digne successeur d'Andrew Taylor Still, le Dr Sutherland se consacra également à la transmission du savoir et à l'éveil de ses collègues pour l'apprentissage de ses intuitions et de son concept. Il fut à la fois un chercheur et un maître qui amena ses confrères vers une connaissance approfondie des lois régissant la vie. Son enseignement, où l'emploi de la métaphore côtoie l'élaboration de gestes essentiels dans la praxis ostéopathique, va bouleverser définitivement la profession. Revenir à la biographie de W.G. Sutherland c'est également rejoindre une des sources fondatrices de l'ostéopathie.

Le récit d'Adah Sutherland est, dans cet ouvrage, très utilement complété par un texte de Henri O. Louwette qui retrace l'itinéraire ostéopathique de W.G. Sutherland et met en évidence la dynamique évolutive au sein de son oeuvre.