Cet album retrace la conception, la construction, les quinze années d'opérations, les capacités militaires et la vie à bord du bâtiment. Deux chapitres sont consacrés respectivement aux aéronefs Rafale et Hawkeye. ©Electre 2024

Il n'est pas de France sans son épée. Dans ses écrits des années 1930, Charles de Gaulle établit ainsi sobrement les leçons de l'histoire de notre pays et projette son sort dans l'avenir. En vertu de sa figure physique et morale, la France doit être armée ou ne pas être. Cette épée moderne qu'il concevait déjà comme un outil allant bien au-delà du simple prolongement du bras, c'est aujourd'hui le porte-avions qui porte son nom. Il n'est pas seul mais son existence et ses missions couvrent l'essentiel du spectre stratégique de notre pays : dissuasion nucléaire, action militaire, soutien de la diplomatie. Comment alors ne pas reconnaître les appareillages hautement médiatisés de ce bâtiment exceptionnel dans cette dernière citation de la même époque : Il existe une connexion terrible entre les propriétés de vitesse, de puissance, de concentration, que l'outillage confère à une élite militaire exercée, et la tendance des états à limiter l'objet des litiges pour s'en saisir aux moindres frais et au plus tôt. Décidément le Charles de Gaulle n'a pas volé son nom.

Ce livre a l'ambition modeste de le faire découvrir au lecteur sous ces traits. Sa conception, sa construction, ses essais techniques, sa maintenance, ses quinze années d'opérations, son groupe aérien, forment déjà une assez longue histoire issue d'une tradition héritière du passé prestigieux de ses prédécesseurs Foch et Clemenceau. Une marine, un pays, ne deviennent pas capables de construire et de mettre en oeuvre un porte-avions opérationnel par un simple claquement de doigts. Seuls Etats-Unis et France en disposent. Les autres, pour honorables qu'ils soient et ils le sont, n'agissent pas dans le même champ. La puissance d'un porte-avions est celle des avions qu'il met en l'air, c'est ce trait qui condamne le décollage vertical ou court pour les missions militairement les plus dures.

Les pages que vous allez feuilleter, lire, apprécier j'espère, veulent d'abord rendre hommage aux personnes grâce auxquelles l'aventure est possible. S'il n'y a pas que les marins qui soient concernés, l'équipage et le groupe aérien méritent pourtant d'être particulièrement à l'honneur. Chacun à sa place mais chacun ensemble, concentré, plutôt taiseux, qu'il vente ou qu'il fasse beau, que la mission soit opérationnelle avec emploi des armes, ou consacrée à l'entraînement, la machine bien huilée tourne et ronronne au rythme exigeant du quart par bordée. Le porte-avions est une vitrine du professionnalisme serein et décidé, sans état d'âme, de tous nos équipages embarqués sur les différents bâtiments et aéronefs de la Marine : sous-marins nucléaires, frégates, ravitailleurs, patrouilleurs, avions de patrouille maritime, hélicoptères, chasseurs de mines... Ils méritent votre estime et votre attention.