En basse Auvergne à la fin du XVIe siècle, en pleine guerre civile, les huguenots du capitaine Merle ravagent la région. Le garçon d'auberge Jean Héritier tente de retrouver la jeune Francine enlevée par les troupes de Merle alors que son frère, André Héritier, se croit en sécurité dans son hameau du Livradois. ©Electre 2024

En ce temps là, le roi Henri III régnant sur le royaume de France, celui-ci était en proie à la guerre civile. Au nom de Dieu, on se battait avec férocité ; les uns tenant pour le pape, les autres pour Luther ou Calvin ; les uns voulant continuer à ouïr la sainte messe en latin, les autres préférant le français.

La bonne ville d'Ambert, protégée par ses montagnes et à l'abri de ses épaisses murailles, vivait cependant tranquillement, continuant même à prospérer grâce à ses moulins à papier, disséminés tout au long des torrents dévalant du Forez. Hélas, par une sombre et neigeuse nuit d'hiver, elle fut prise d'assaut par les Huguenots du capitaine Merle. Ce ne fut plus qu'incendie, carnage, désolation. Les flots de la Dore charrièrent sang et cadavres.

La petite Francine, mignonne bachelette, tomba entre les mains des hérétiques ; ces maudits l'emmenènent à Issoire. Pour la sauver, Jean Héritier, paisible garçon d'auberge en l'hostellerie de maître Gourbeyre, place du Pontel, dut traverser les monts, allant la chercher dans une ville en flammes, troquant le tournebroche pour la dague et le poignard.

Quant à son frère André, laboureur à Châtelet, il pensait ne rien craindre, isolé en un lieu désert, entouré de toutes parts de vastes forêts, et protégé par le seigneur de Champétières, Jean Motier. Mais même les coins les plus reculés n'étaient, en cette sinistre année 1577, ni retraite sûre, ni refuge tranquille.

Il fait bon vivre aujourd'hui, en Livradois. Au détour du chemin, on ne peut guère rencontrer qu'un chevreuil timide, ou bien un lièvre apeuré ; les ombres de la nuit ne cachent plus des êtres invisibles et malfaisants : sorcières, diables, âmes des trépassés ; les mille bruits de la forêt ne sont plus que choses naturelles et sans danger aucun.

Alors, il n'en était pas de même. Derrière chaque rocher, chaque fourré de ronces, on risquait de tomber sur une bande de caïmans, dénués de tout scrupule et avides de picorée. Lorsque la lumière du jour avait fait place à l'obscurité, lorsque le soleil s'en était allé, caché par le suc de Mons, bien souvent les imprudents qui sortaient, jamais ne s'en revenaient...