Ce roman au ton intimiste propose une réflexion sur le temps, la mémoire et l’oubli. Assis à la terrasse d’un café de Cholula, l’antique Cité Sacrée du Mexique, un journaliste écrit un article sur « Hiroshima, 60 ans plus tard ». Autour de lui, la vie suit son cours paisible. Ici, les massacres du passé ont sombré dans l’oubli, comme y sombrera bientôt la bombe d’Hiroshima, pense-t-il.« C’était un petit rêve, calme et peu bruyant au début, plus mouvementé à la fin, un tout petit rêve qui m’a paru familier, où la femme au kimono fleuri n’a jamais été aussi proche de moi. […] elle a vieilli, elle ferme les yeux comme si elle voulait nier l’évidence, alors elle croit voir défiler Hiroshima, Hiroshima le jour, Hiroshima la nuit, Hiroshima détruit, en ruine, en flammes, puis encore et toujours Hiroshima, Hiroshima reconstruit, en plein midi ou endormi, en paix, il fait si doux, c’est le printemps, place de la Paix les cerisiers sont en fleur, la jeune femme essuie son front, tantôt elle transpire, tantôt elle frissonne, elle pense Je vais rester à Hiroshima, mais elle n’a pas vraiment l’air convaincue, soucieuse elle ébauche une grimace et prononce, en séparant bien chaque mot, d’une voix où perce un brin d’étonnement, Le jour n’est pas encore levé. Puis des bruits de pas résonnent, c’est sûrement le hall d’une gare, grincement de freins, chocs métalliques de tampons, NE-VERS, NE-VERS hurlent des haut-parleurs, un train siffle, la femme au kimono fleuri sort de mon champ de vision. »