L'artiste belge livre un roman inspiré de ses propres expériences. Ce récit fragmentaire, onirique, mêle les lieux et les époques, les personnages, réels ou rêvés. Le fil rouge en est une grande exposition, avec un commissaire fou aux dents de cuivre et des artistes qui s'amusent et construisent des espaces et des formes. ©Electre 2024

La danse. Funkadelic. Porsche. Un cube de fumée. Rauschenberg.

L'improvisation. Hambourg. Le théâtre. Mars. Le culte du cargo. Les beaux discours. Mel Gibson. Les Blacks Panthers. Hollywood... Spirit of Ecstasy est un roman où tout est raconté comme un long trip d'acide où se mélangent les lieux, les époques, les personnages, les choses rêvées et les choses vécues, et où les gens se réveillent simplement pour aller voir le lever du soleil. Le livre semble avoir été construit à partir de visions. C'est rose et orangé et mauve et scintillant. Il y a de la fumée, des formes géométriques planantes, de la danse, du sexe et du rythme. Des uppercuts et des swings. Il est difficile de renouer avec la chronologie, et on aurait presque besoin d'une carte pour s'y retrouver.

David Evrard écrit des romans. Il est aussi un artiste, il fait des sculptures, des peintures, des dessins, des photographies, des collages et des installations. Avec un symbolisme surpuissant, un sens explosif du style, des trouvailles étranges, avec, enfin, la longue cohorte décadente qui vient hanter chaque page (Panofsky, Mel Gibson, Isadora Duncan, Robert Johnson, Marsden Hartley, Henry Ford, Rudolf Laban, Woody Guthrie, Fernand Léger, le Titanic et tous les personnages aux noms bizarres), il nous livre donc dans ce roman son expérience joyeuse des expositions. C'est même une grande exposition qui constitue le noyau dur du récit, avec un curateur fou au dents de cuivre qui n'organise d'ailleurs rien du tout, et des artistes qui parlent, s'amusent et construisent des espaces et des formes.

Spirit of Ecstasy porte bien son nom, c'est la substance V, la vie. Et c'est le nom de la mascotte qui vient enjoliver les radiateurs des Rolls depuis 1911, chantée dans Melody par Gainsbourg. Ça fait VLAM ! Ça fait Splatch ! Spirit of Ecstasy est donc un enjoliveur, c'est-à-dire un texte enjolivant, généreux, énergique et cartoonesque. Et si les expositions ressemblaient à ça, on s'amuserait beaucoup plus dans le monde de l'art. WIZZ !

Jill Gasparina