La vie d'une famille juive dans un quartier juif de Paris avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. L'histoire commence en 1940 sur la place Saint-Paul dite Place des juifs, avec Schlomo, un enfant juif. Il échappe aux rafles et, devenu homme, se retrouve dans un hôpital psychiatrique où se réfugient les tortionnaires de la guerre d'Algérie. Chansons yiddish et musique tzigane sur le CD. ©Electre 2024

1940, quartier du Marais à Paris, Place Saint-Paul dite «Place des Juifs» (le Pletzl en yiddish), Schlomo, un enfant juif, orphelin de mère est abandonné par son père qui trône en caïd de maison close. Recueilli par les grands-parents, il suit l'épopée de l'exode: son bandit de père emmène les habitants de l'immeuble dans un voyage délirant qui, au-delà de la fuite de l'envahisseur, vise à faire accepter sa nouvelle conquête issue de la «maison» à la maîtresse de la tribu. Au retour à Paris, les lois vichystes contre les Juifs suivent naturellement les vindictes exprimées dans ce fabuleux camion de l'exode où se sont retrouvées les différentes couches de la population du Marais. Plus tard, le jeune Schlomo est décoré d'une étoile tandis que la grande rafle de juillet 1942, contée ici sur le mode du Roman du Graal, en redit la conclusion «les Juifs, il faut les tuer comme des chiens». Schlomo et sa famille trouveront refuge dans une maison en ruines en banlieue, deux années de cachette vécues dans l'attente quotidienne de la mort. Les cachés, y compris les derniers jours passés dans les égouts, ne cesseront de jouer aux cartes et de s'interroger sur le sens de l'histoire et de la contrainte qui vise à les éradiquer de la terre. Dans ce concert de voix discordantes et d'angoisses, le vieux Léo tente de transmettre une parole prophétique à usage universel.

1960, Schlomo, jeune homme se retrouve à l'asile psychiatrique militaire où refluent les tortionnaires de la guerre d'Algérie, malades d'un trop plein de culpabilité. La torture qui s'est installée au sein de l'armée avec la même spontanéité que le statut des Juifs en 1940, lui tourne la tête. Survivant traumatisé, Schlomo vit l'épreuve de «la seconde mort», spirituelle celle-là.

Hanté par la question du pourquoi et du comment, il ne retrouve plus la paix. Pris de confusion mentale, il ne distingue plus le présent du passé. «Vous ne m'avez pas eu à Auschwitz, vous ne m'aurez pas ici!» s'écrie-t-il. Question du médecin des armées:

«Qui, nous»?

«Place des Juifs» est une saga unique du quartier juif de Paris durant les années noires. Son écriture colorée s'inscrit de façon neuve et délibérée dans le prolongement de la pensée talmudique et de la tradition littéraire yiddish.