Voici un roman du terroir dont l'enjeu est le pouvoir : celui d'une femme contre le clergé. Et, contre toute attente, c'est la femme qui l'emportera sur le curé. Mais les choses ne seront pas aussi simples. Car cette victoire aura un prix. Et le prix, ce sera Marie-Ève. ©Electre 2024

Jamais, dans la littérature du terroir, a-t-on vu des personnages s'attaquer aussi directement et aussi violemment aux représentants du clergé tel que c'est le cas dans Marie-Ève ! Marie-Ève ! Peu importe que Marie-Ève ! Marie-Ève ! ait paru longtemps après l'âge d'or du roman du terroir, je crois qu'on aurait tout intérêt à revisiter ce portrait de la vie paysanne et à le lire comme une réplique cinglante aux affirmations idéalistes des penseurs ultramontains du début du siècle qui chantaient tous en choeur les vertus de la terre. Ce roman raconte comment nos grands-parents vivaient dans cette société théocratique, au sein de laquelle les membres du clergé détenaient une totale emprise, au point que tout écart de conduite pouvait entraîner les pires anathèmes. Il en fallait du courage, dans ces conditions, pour oser affronter l'autorité cléricale ! Y en a-t-il eu beaucoup qui se sont colletés à leur curé? Je suis porté à croire que non, bien que le passage au protestantisme des paysans du Chemin-Taché me laisse croire qu'ici et là, au Québec, s'élevaient parfois de fortes voix dissidentes. Je suis par ailleurs convaincu que plusieurs paysans de souche ont été plus rusés : ils ont fait semblant d'obéir aux diktats religieux, alors que, dans le fond de leur coeur, ils n'adhéraient plus, ou si peu, aux Vérités intangibles professées par leur curé. André Vanasse, tiré de la préface