"Dans cette maison où une prémonition singulière lui avait révélé l'immanence de la violence et du meurtre, Hélène était devenue l'instrument du destin."
Il existe des lieux dont la seule vision vous saisit d'angoisse, des lieux à l'approche desquels vos extrémités semblent prises dans la glace, votre pouls accélère et vos résolutions s’effritent. Le château des Bois-Noirs est de ces lieux-là pour Hélène. Belle et plus si jeune, elle rencontre sa nouvelle famille au retour de son voyage de noces, enthousiaste, fraîchement mariée au Maître du château. Et la majuscule est importante. Car au contact de la demeure Gustave se métamorphose, lui dont la placidité semblait être une preuve de sagesse et de calme attention se révèle fruste, renfermé et possessif. Pareille sont la demeure et le domaine jusqu'à l'arrivée de Fabien, qui dans le désir d’insuffler un peu de vie à ce château qu'il aime tant fait revivre ses fantômes et les présente à Hélène à travers des histoires du passé. Naît entre eux une amitié sincère , et en Gustave jusque-là indifférent à tout sauf à ses timbres une passion invisible et dangereuse.
Robert Margerit nous laisse avec ce texte un roman gothique subjuguant. La nature et le château, en jouant aux poupées avec des personnages sur le fil d'un destin brumeux sont des personnages inoubliables, à l'image de Hauts de Hurlevent auvergnats tout à fait convaincants.