Présentation de la série photographique Versos. L'artiste a la particularité de prendre des clichés au plus près de la réalité, en photographiant des objets à l'échelle 1, en gros plan. Depuis 2005, il s'intéresse aux dos des tableaux anciens ou contemporains. Il a notamment photographié les versos de sept tableaux de Picasso travaillés sur l'envers par l'artiste lui-même. ©Electre 2024

Versos

[Avec] la série des Versos, qui débute en 2005 [...] l'approche est périlleuse parce que, dès que l'identité du recto se précise et dès que les informations qu'il véhicule se font plus nombreuses ou plus remarquables, l'intérêt documentaire s'accroît et menace de l'emporter. Plus cet intérêt est grand, plus le regard et l'attention portés à l'oeuvre photographique sont différés. Cette prévalence de l'anecdotique est forcément accentuée par la notoriété, la popularité du référent [...]

[Pourtant] dans l'ensemble de son oeuvre, Philippe Gronon ne cherche jamais l'effet, jamais l'émotion. Il s'efforce de saisir l'objet, méticuleusement choisi, méticuleusement cadré, avec la plus grande lisibilité ou - en termes de photographie - avec la meilleure définition possible. Il n'y a pas, comme dans la photographie événementielle, d'instant privilégié. Le sens de ce que véhicule le cliché n'est jamais ni trahi ni occulté. Mais il est, bien que fixé dans son évidence littérale, déconnecté de son contexte et de ta fonction qui est sa raison d'être.

[With] the Versos, begun in 2005 ... this approach is more risky because, when the identity of the recto becomes known and is accompanied by more, and more noteworthy information, the documentary interest also grows and threatens to overwhelm. The greater this interest, the longer It takes us to really look at the photographic work. This predominance of the anecdotal is necessarily heightened by the fame and popularity of the referent....

[But] never in his work does Gronon strain for effects, or seek to provoke emotion. He strives to grasp the object, which is meticulously chosen and meticulously framed, with the greatest legibility or - in photographic terms - with the best possible definition. There is, for this, no privileged moment, as there is in the photography of events. The meaning of what the photograph conveys is never either betrayed or hidden. But it is, although fixed in its literal obviousness, disconnected from its context and from the function that is its raison d'être.