Un coup de coeur de Mollat
Elle c'est « Petite », parce qu'on l'appelle comme ça tout simplement. Elle à l'air de s'ennuyer un peu, surtout avec une maman qui ressasse sans cesse les choix de son passé, et un papa absent. On pourrait se dire que « Petite » a une grande sœur pour s'occuper d'elle, mais le problème c'est qu'elle est ado, avec tout ce que cela implique de garçons et de jeunes filles en fleurs.
La rencontre du troisième type va alors bousculer la mélancolie qui s'empare de la maison. Il est un trésor, il sera donc caché dans son coffre à jouets. Il n'est pas très bavard non plus, alors « Petite » décide donc de lui expliquer comment nous les êtres humains, nous fonctionnons. Et c'est surtout ce regard d'anthropologue en culotte courte qui va faire toute la petite mélodie de cette merveilleuse histoire.
Aisha Franz, jeune auteur allemande, signe avec Petite Terrienne un de ses premiers récits dessinés, le tout traité au doux crayon de papier. On la connaissait déjà pour ses courtes publications dans la revue lettone Kus, et les éditions finlandaises KutiKuti. Elle fait aussi partie de la fine fleur du collectif berlinois The Treasure Fleet. (Allez jeter un œil, les publications sont formidables)
Pour sa manière de raconter les femmes aux différents moments de leur vie, pour son trait si sensible qui pourrait se rapprocher de Joanna Hellgren ou Amanda Vähämäki (je ne saurais trop vous conseiller ces jeunes scandinaves au talent fou), Aisha Franz nous offre une œuvre terriblement belle et délicate sur nos questionnements du quotidien.
Les éditions ça et là où l'art et la manière de dénicher une madeleine de Proust.