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Un coup de coeur de Mollat
Non, Raymond Carver n'est pas mort. Il continue à vivre à travers de nombreux écrivains, souvent américains mais pas seulement, et ce, pour notre plus grand bonheur.
Ainsi, nous nous sommes régalés ce mois-ci avec un incroyable recueil commis par le jeune David James Poissant. Au programme, une douzaine de nouvelles toutes plus captivantes les unes que les autres, autant de tranches de vie regardées, observées, détaillées, sans la moindre paire de lunettes roses. Si les personnages masculins sont certes les plus nombreux (maris incompris ou abandonnés, pères désespérés, amis à la fidélité douteuse...), les femmes ne sont pas oubliées pour autant. Mais quels que soient leurs contours ou leur âge, ces âmes en peine écorchées par la vie semblent davantage peupler l'enfer des hommes que Le paradis des animaux. Il n'empêche que ce titre n'a rien de mensonger et garde bel et bien son caractère programmatique : vous y croiserez un certain nombre d'animaux plus ou moins dociles et plus ou moins imposants, ainsi que, curieusement, de l'eau sous diverses formes...
Le talent de notre jeune nouvelliste se reconnaît alors à la capacité qu'il a de nous absorber, nous émouvoir, nous faire rire, nous surprendre, voire même nous éblouir. Avec lui, l'immersion est immédiate, le costume de ses personnages nous colle à la peau et continue de nous obséder bien après la fin de l'histoire.
On pense à Carver et à Tchekhov, bien sûr, mais également à Caarl Hiaasen, Tim Dorsey, Larry McMurtry ou encore A.M. Homes. Et surtout, on se rappelle l'un des bienfaits de la lecture : où que nous soyons – sur une plage dans le golfe du Mexique, sous une tente en plein cœur des Alpes, en bateau au large de Capri ou dans un van entre Perth et Sidney, la lecture génère un processus qui, au-delà d'une simple évasion, pourrait se définir comme une superposition de paysages, de situations et de personnages sur notre environnement immédiat, de telle sorte que le réel en ressort à la fois épaissi et distendu.
Où que vous soyez, c'est donc à une série de douze voyages aussi complexes que réussis que Le paradis des animaux vous invite, avec en guise de conclusion, une seule interrogation : à quand le prochain ?