Un coup de coeur de Frédéric Peduzzi
Pour ce livre, "Les Suns à la vitesse de la lumière", il a eu une approche un peu atypique : pour les besoins d'un article, McCallum a demandé l'autorisation aux dirigeants de l'équipe des Phoenix Suns d'accompagner l'équipe pendant toute la pré-saison 2005-2006. La demande fut acceptée et lorsque le championnat a débuté, McCallum a demandé s'il pouvait rester avec l'équipe pendant toute la saison pour écrire un livre. Sa demande fut acceptée sans aucune hésitation de la part du staff Arizonien.
Pourquoi avoir jeté son dévolu sur une équipe alors relativement moyenne et au palmarès totalement vierge ? Parce que depuis deux saisons, Phoenix pratiquait le jeu le plus original et le plus enthousiasmant de toute la ligue Nord - Américaine. Le coach, Mike D'antoni imposait à ses joueurs un style appelé "Run & Gun" (littéralement, courir et shooter) dont le principe est simple. Lorsque l'équipe a la balle, elle doit tenter un tir au bout de 7 secondes maximum (le titre original du livre est d'ailleurs "7 seconds or less"), bien avant la fin des 24 secondes qui est le temps accordé par le règlement sur chaque possession de balle. Les Suns pratiquaient donc un jeu basé sur la vitesse d'exécution et tourné presque exclusivement vers l'attaque. Pour ce faire, D'Antoni a du constituer une équipe de joueurs capables de mettre en application ses directives; des joueurs à la fois, rapides, instinctifs, endurants, adroits et capables d'adapter leur jeu aux situations.
Ce livre n'est pas un manuel tactique destiné aux apprentis entraîneurs. Il s'agit avant tout pour l'auteur de faire le récit d'une épopée sportive et humaine assez émouvante. Au fil des pages on partage les doutes et les perpétuelles remises en question du coach principal Mike D'Antoni (un homme plutôt drôle, cultivé et attachant) et de ses assistants. L'auteur retranscrit remarquablement la vie du groupe et les états d'âme des uns et des autres (les joueurs et les entraîneurs de N.B.A. passent énormément de temps ensemble compte tenu d'un calendrier très chargé et de nombreux déplacements en avion). McCallum parvient à faire comprendre l'importance de chacun dans cette équipe et la difficulté de faire cohabiter des joueurs aux caractères et aux cultures parfois très différentes. Pendant la saison, l'auteur a établi une relation de confiance avec certains joueurs tels le meneur canadien Steve Nash, élu deux années de suite meilleur joueur de la saison, le capitaine Shawn Marion, véritable homme à tout faire, se plaignant souvent du manque de reconnaissance des journalistes et de sa propre équipe, le feu follet brésilien Leandro Barbosa qui tient à faire de bonnes performances pour faire plaisir à sa maman ou encore le jeune français Boris Diaw, capitaine de l'équipe de France, élu en fin de saison joueur ayant le plus progressé.
Le livre est centré essentiellement sur les playoffs, période intense et propice aux successions rapides d'émotions fortes et contradictoires; des joies et des drames, condensées sur quelques semaines.
La grande force de McCallum est de réussir à nous entraîner avec lui dans son immersion au coeur de la vie de cette équipe des Suns. Qu'on soit fan de basket ou pas, on se laisse littéralement happer par le récit de McCallum, très rythmé et vivant. On veut absolument savoir jusqu'où est capable d'aller cette équipe, jusqu'à quel point D'Antoni va pouvoir ne pas dévier d'un pouce de sa philosophie de jeu, jusqu'où le corps meurtri et usé de Steve Nash va tenir avant de le lâcher... (car il va lâcher, c'est sûr). L'auteur nous donne l'occasion de comprendre comment se déroulent réellement des événements normalement réservés aux joueurs et au staff technique, d'être les chanceux témoins de moments habituellement tenus à l'abri des regards extérieurs.