Une recherche sur les liens généalogiques déclarés par les aristocrates athéniens à l'époque impériale. Par une étude des descriptions des personnes et une analyse rigoureuse des filiations, l'historien montre que les prétentions généalogiques ne sont pas illégitimes et possèdent des réalités multiples. ©Electre 2024

Les prétentions généalogiques sont un phénomène vieux comme le monde, et l'historien actuel a souvent le réflexe de les écarter comme si elles se réduisaient à la simple expression d'une vanité sans fondement. La tentation est d'autant plus forte dans les cas où l'hiatus social, culturel ou chronologique est particulièrement marqué. Or, on constate une inflation de ces prétentions à certaines époques, ce qui est interprété à contrario comme l'illustration de la fatuité d'hommes noui privés ancêtres. Christian Settipani éreinte cette opinion en examinant le cas des prétentions formulées par des notables athéniens à l'époque impériale. L'étude prosopographique des réseaux familiaux auxquels appartiennent ces derniers plaide pour une mémoire des filiations soigneusement perpétuée plutôt que pour une invention triviale.

Plus généralement, l'étude amène à repenser le phénomène des prétentions généalogiques dans sa totalité. L'expression englobe des réalités multiples et fort diverses qu'on ne peut traiter de façon identique pour, par exemple, les parvenus notoires ou les anciennes familles aristocratiques. Doivent être également distinguées les prétentions qui renvoient à des ancêtres mythologiques de celles qui remontent à des personnages historiques, sans pour autant les opposer. L'influence des Romains sur les prétentions formulées à Athènes au temps de leur domination apparaît clairement, cependant qu'il convient de relativiser son poids réel sur une société au passé aristocratique fort ancien.

L'étude généalogique est conduite à partir des recueils prosopographiques récents (Persons of Ancient Athens, Lexicon of Greek Personal Names) tout en complétant le corpus des textes et des inscriptions récemment exhumées. Christian Settipani démontre que les Grecs et, en particulier, les Athéniens disposent de supports suffisants pour véhiculer une mémoire généalogique lointaine.