Julie Mercier, la trentaine, observe ses proches devenir adultes, et s'amuse du quotidien et de ses petites humiliations ©Electre 2024

Les adultes n'existent pas

À 31 ans, Julie a laissé tomber la photographie pour des petits boulots alimentaires. Son couple bat de l'aile, elle voit, effondrée, ses amis se ranger les uns après les autres tandis qu'elle subit derrière son standard d'hôtesse d'accueil les vexations ordinaires de la vie de bureau.

Sur le point de succomber au charme d'un homme marié, elle est obligée de s'interroger : est-ce elle qui refuse de grandir, ou tout le monde autour d'elle qui fait semblant d'être adulte ?

Comédie impertinente et espiègle, Les adultes n'existent pas confirme tout le talent de l'auteur de Noël en février.

« J'ai mis mon casque d'iPod sur les oreilles, sélectionné l'm on Fire, la chanson de Springsteen reprise par Electrelane qui correspondait si bien à mon état d'esprit, et j'ai ouvert mon parapluie pour me diriger vers le métro. Arrivée dans le vaste hall de la station, les gens que je croisais me regardaient d'un drôle d'air. Certains me suivaient du regard, les yeux écarquillés. "Ben qu'est-ce qu'ils ont, ces cons-là, ils ont jamais vu une fille heureuse de la perspective d'une liaison extraconjugale ? " C'est au moment de franchir le tourniquet que j'ai eu la Révélation : je tenais encore mon parapluie ouvert au-dessus de ma tête. "Bon OK, j'ai rien dit, ne m'emmenez pas de force aux urgences psychiatriques, ça arrive à tout le monde d'oublier des trucs, non ? " »

« Ma génération, c'étaient les Aurélie, Virginie, Élodie, Émilie, Julie, nous venions dix ans après les Stéphanie, les Sophie et les Nathalie. Il y avait toujours deux Aurélie, trois Julie et quatre Émilie par classe à l'école, une vache n'y aurait pas retrouvé son veau. Encore maintenant c'est compliqué, avec mes copines il y a des quiproquos : "Tu sais quoi ? Émilie est enceinte !

- Quoi ? Mais... Hein, comment c'est possible, je l'ai vue la semaine dernière, elle m'a dit qu'elle n'avait plus baisé depuis l'ère Chirac...

- Ah mais t'as vu quelle Émilie, celle qui est partie en Espagne ?

- Mais non, Émilie-la-petite !

- Ah mais non, moi je te parlais d'Émilie-la-femme-de-Fabien..."

Nos parents n'avaient vraiment pas grand-chose dans le crâne, »